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Un G7 malodorant

Ste-Croix, 4 juin 2018 – En prévision de la rencontre du G7, les autorités prient les agriculteurs de ne pas épandre de lisier pendant la durée de l’événement. On comprend qu’il importe de ne pas heurter la sensibilité nasale des délégués.

Les gouvernements ont pourtant tout mis en place pour qu’il y ait ce genre de situation. À commencer par le choix d’une région rurale pour la tenue d’une telle rencontre. Ensuite par le choix du moment, coincidant avec la période des semis et le moment où les fosses à lisier sont remplies à pleine capacité après un long hiver d’entreposage et que les inspecteurs circulent pour s’assurer qu’elles ne déborderont pas.

Mais surtout, le gouvernement a clairement tracé la voie pour la gestion liquide des fumiers, en dépit des avertissements multiples. En effet, au lieu d’encourager la gestion solide des fumiers, les fermes ont dû construire des fosses pour accumuler les fumiers animaux. Pourtant, le problème est simple du point de vue biologique. Les composés organiques à base d’azote sont normalement constitués en présence d’oxygène, ce qui donne des substances stables et largement inodores, comme le compost. À l’inverse, si on bloque l’arrivée d’oxygène, par exemple en entreposant les fumiers dans une fosse liquide dans laquelle l’oxygène ne pénètre pas, on produit des composés instables, solubles et volatiles. C’est l’effet du sac de vidange bien fermé qui a traîné au soleil et qu’on ouvre pour en humer tout l’arôme… L’azote devient ammoniac, soluble et pestilentiel, de même que le carbone forme du méthane nauséabond au lieu d’humus stable.

Les conséquences d’une agriculture animale sur lisier sont multiples, en plus des odeurs dont les communautés rurales sont les premières victimes : compaction des sols en raison des lourdes charges (à 95%, le lisier est constitué d’eau), bris des routes rurales qui n’ont pas été conçues pour résister à de pareilles charges, construction coûteuse de gigantesques fosses d’entreposage.

Mentionnons également le fait que le régime de subventions pousse à la spécialisation et la concentration des élevages, ce qui fait en sorte que les animaux sont largement confinés à l’intérieur au lieu de libérer leurs excréments au champ.

En somme, tout le système en place incite, sinon oblige, à l’épandage nauséabond en ce temps de l’année. C’est indissociable de notre modèle agricole orienté vers la monoculture et l’exportation. Difficile de ne pas être en colère lorsque le gouvernement demande maintenant de préserver une image bucolique.

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Maxime Laplante, agr,

Président

581 888-0941