You are currently viewing Traité de libre-échange Canada-Europe : Les fromagers artisans québécois sont inquiets

Traité de libre-échange Canada-Europe : Les fromagers artisans québécois sont inquiets

meule-gruyereLachute, vendredi 15 novembre. Le 18 octobre dernier, Stephen Harper signait un accord de principe avec l’Union Européenne. Il aura fallu beaucoup de temps avant d’en connaitre les détails en raison des différents autour de l’agriculture. Si l’accord est ratifié tel quel, ce seront 18,500 tonnes de fromage européen de plus, par année, dont 16,000 tonnes de fromage fin, qui seront exemptées de droits de douane et viendront concurrencer nos fromages.

Selon Jean Morin, fromager artisan de la fromagerie du Presbytère, «ceci aura un effet dévastateur pour les petites fromageries surtout québécoises puisque le Québec consomme 60% des fromages fins européens importés.» Daniel Gosselin, fromager artisan de la fromagerie Au Gré des Champs s’inquiète par ailleurs des effets à long terme de cet accord sur les fromagers artisans québécois :  «18 000 tonnes de fromage équivaut à la production annuelle de 300 fermes de 60 vaches. Moi j’ai 30 vaches en lactation et je lutte pour maintenir cette capacité de production.»

«Je crois que certaines fromageries artisanales éloignées des grands centres vont devoir fermer et qu’il faudra envisager un ralentissement de ce fleuron de notre agriculture» rajoute Benoit Girouard, président de l’Union paysanne. Si l’accord prévoit l’ouverture complète aux produits laitiers canadiens sur les marchés européens, ce sont les industriels et les gros importateurs détenant les quotas d’importations qui en profiteront. Il est en réalité quasi impossible pour les artisans-fromagers d’ici d’aller sur les marchés européens.

Les producteurs européens bénéficient d’aide financière gouvernementale substantielle, ce qui n’est pas le cas au Québec. Également, les artisans-fromagers québécois doivent supporter des coûts de production plus élevés. Résultat : les fromages québécois sont plus chers que les fromages européens sur nos tablettes d’épiceries. Avec ce supplément d’outre Atlantique est-ce que les supermarchés continueront à proposer autant les fromages artisans d’ici?

Pour l’Union Paysanne, l’Accord de libre-échange avec l’Union Européenne menace la souveraineté alimentaire du Québec, du Canada et des pays de l’Union Européenne. Les producteurs européens sont grandement concernés par l’annonce d’augmentation drastique des contingents de porcs (6000 à 80 000 tonnes) et de bœufs (4000 à 50 000 tonnes) canadiens chez eux.

L’Union Paysanne ne fera pas dans l’angélisme, cet accord a toutes les chances d’être adopté. Il importe donc dès maintenant que le gouvernement du Québec prenne des mesures concrètes afin de développer une réelle souveraineté alimentaire. Pas uniquement dans les secteurs des fromages, mais dans l’ensemble de l’agriculture. Le ministre François Gendron et l’UPA ne peuvent à la fois parler de souveraineté alimentaire et encourager les exportations porcines. Il y a ici un double langage, car la souveraineté alimentaire n’est pas un menu en pièces détachées. Mettre en place une politique de souveraineté alimentaire, c’est également respecter celle des autres.

Finalement, l’Union paysanne appelle les acteurs de la gestion de l’offre, canadienne et québécoise, à se réinventer. Pendant que les petits joueurs seront frappés de plein fouet, les gros joueurs ne verront pas de changement. Nous plaidons depuis longtemps pour une modulation de la gestion de l’offre qui allègerait le fardeau des artisans soumis à ce secteur. Québec devra dans l’intervalle prévoir des scénarios et des mesures de soutien aux artisans-fromagers pour qu’ils puissent se faire valoir à armes égales.

 


 

Pièce-jointe :

com-up_2013-11-15_fromage.pdf (142 ko)

Pour information :

Benoit Girouard
Président Union paysanne
450-495-1910

           

Daniel Gosselin, fromager-artisan
Administrateur
450-346-8732

L’Union paysanne est un syndicat agricole et citoyen qui intercède auprès du gouvernement, des médias et de l’opinion publique pour promouvoir les intérêts de la paysannerie. Elle donne une place à tout ceux désireux de s’impliquer en faveur d’une agriculture et d’une alimentation paysanne. L’Union paysanne c’est… l’Alliance de la Terre et de la Table.

 

Union Paysanne

Force collective organisée et représentative regroupant ceux et celles en faveur d’une agriculture et d’une alimentation paysannes. Nous voulons pratiquer une agriculture à échelle humaine, viable à long terme, respectueuse de l'environnement, axée sur la souveraineté alimentaire et l’occupation du territoire.

Laisser un commentaire