(Maputo, le 10 janvier 2013) En novembre dernier, le monde avait les yeux rivés sur les ouvriers agricoles sud-africains en grève, plus particulièrement sur ceux travaillant dans les vignobles dans la province du Cap-Occidental en Afrique du Sud. Ceux-ci dénonçaient l’exploitation dont ils sont victimes, leurs conditions de vie et de travail précaires et exigeaient une augmentation du salaire minimum.
Dans la plupart des cas, les forces de police sud-africaines ont réagi avec violence et intolérance vis-à-vis des manifestations et ont même bafoué la loi. De nombreux ouvriers agricoles et activistes ont été arrêtés, y compris des paysans de la Campagne pour la Réforme Agraire, un mouvement de la Via Campesina.
En décembre, à la suite de négociations stériles qui ont mis en suspens les grèves, le gouvernement sud-africain a refusé d’augmenter le salaire minimum et la situation ne s’est pas améliorée. Début janvier, les ouvriers agricoles ont repris les grèves et sont depuis lors victimes de l’oppression des forces de police.
Depuis le début des grèves, des organisations sud-africaines de la société civile ont dénoncé l’oppression dont souffrent les ouvriers en grève de la part de propriétaires agricoles en étroite coopération avec les forces de police. En effet, ces derniers ont profité d’un système qui les laisse agir en toute impunité. Il est également évident que les propriétaires agricoles continuent à proférer des insultes sexistes et racistes à l’encontre des ouvriers agricoles.
La grève des ouvriers agricoles en Afrique du Sud doit être considérée comme un mouvement africain des démunis des zones rurales qui s’insurgent contre l’injustice et l’exploitation. En Afrique du Sud, le secteur agricole n’emploie pas uniquement des citoyens sud-africains: nombre de ces ouvriers qui travaillent dans des conditions médiocres sont des immigrés des pays voisins, comme le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi. Ils sont parfois les premières cibles des propriétaires agricoles qui profitent du fait que ces ouvriers travaillent illégalement et sans protection sociale. L’agriculture commerciale d’Afrique du Sud est la plus puissante sur le continent. Elle prospère aux dépens des ouvriers agricoles, opprimés et exploités.
Ces grèves font également suite à l’incapacité du gouvernement à mettre en place la réforme agraire en Afrique du Sud. L’objectif qui visait à redistribuer 30% des terres d’ici à 2015 est loin d’être atteint. De plus, l’année 2013 célèbre les 100 ans de la Loi sur la Terre de 1913, qui a dépossédé des millions de personnes de leurs terres et en a fait des ouvriers agricoles surexploités et des prolétaires. Ces manifestations revendiquent l’abolition de cent ans d’esclavage agricole.
La région africaine du mouvement paysan international, La Via Campesina, affiche son soutien envers les ouvriers agricoles en Afrique du Sud, condamnant toute forme de violence perpétrée par les forces de police et par le gouvernement sud-africain à l’encontre de tout ouvrier agricole et militant. Nous nous rallions aux organisations de la société civile sud-africaines et exigeons que le gouvernement sud-africain prenne des mesures et réponde aux demandes des ouvriers agricoles qui revendiquent un salaire décent et un niveau de vie respectable.
Globalisons la lutte ! Globalisons l’espoir !
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