(Bukit Tinggi, 12 juillet 2012) La Via Campesina et la Campagne mondiale pour la Réforme agraire avec leur hôte Serikat Petani Indonesia (Syndicat paysan d’Indonésie) organisent un séminaire et un atelier international intitulé: “Réforme agraire et Défense de la Terre et des territoires au XXIième siècle: Enjeux et Futur” du 10 au 14 juillet 2012 à Bukittinggi, Sumatra Ouest, en Indonésie.
Cette réunion sur la stratégie internationale a lieu alors que le ralentissement économique qui affecte le monde s’avère être le plus grave depuis la grande dépression des années 30. Les crises multiples de l’alimentation, de l’emploi, des conditions de vie, du climat, de la biodiversité, de l’énergie et de la finance, ajoutées à une agravation de la pauvreté, des inégalités, de la faim et de la destruction environnementale, illustrent bien la destruction causée par le capitalisme et les politiques néolibérales.
De nos jours, 1 milliard de personnes, dont la majorité vit en Asie, souffrent de la faim. L’augmentation de la faim est liée aux augmentations considérables des prix alimentaires. Les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont plus les moyens de nourrir leur famille. Il est aussi important de constater que l’augmentation de la faim est liée aux développements de l’agriculture industrielle qui introduit des monocultures et accapare massivement les terres. L’accaparement des terres est un phénomène mondial, porté par les élites nationales et transnationales, les grandes sociétés et les investisseurs avec le concours de certains gouvernements; le but étant de contrôler les ressources les plus précieuses encore présentes dans le monde. Les politiques de la Banque mondiale et des banques de développement régional se prêtent aussi à cet accaparement des ressources.
A cause des crises mondiales, la prise de contrôle des ressources encore présentes sur la planète – la terre, l’eau, les forêts, la biodiversité – est devenue cruciale à la survie du capitalisme et des grandes sociétés. Lors du récent sommet sur la terre de Rio de Janeiro, au Brésil, cet accaparement des ressources a été institutionalisé sous le nom “d’économie verte.”
Les développements récents et les réalités changeantes du monde actuel rendent cette réunion internationale très pertinente. Les délégués de 26 pays venant d’Amérique latine, d’Afrique, d’Europe et d’Asie, membres et dirigeants de La Via Campesina, de la Campagne mondiale sur la Réforme agraire ainsi que d’autres organisations progressistes et de mouvements sociaux, des universitaires, se sont retrouvés afin de réfléchir et de développer de nouvelles stratégies menant à la réforme agraire du XXIième siècle. Il s’agit d’une réforme agraire fondée sur la justice sociale, sur les traditions radicales des anciennes réformes agraires en évitant leurs faiblesses, mais, plus que tout, cette réforme agraire doit être fondée sur la souveraineté alimentaire et l’agroécologie.
En tant que coordinateur général de La Via Campesina, Henry Saragih, a déclaré lors de l’ouverture de la réunion que “la destruction et l’accaparement des ressources des paysans, des paysannes et des pauvres s’intensifient, et si nous voulons réussir à défendre nos terres, nos territoires, notre futur même, nous devons nous rassembler et identifier clairement le modèle de réforme agraire que nous voulons, ainsi que les stratégies nécessaires à sa mise en œuvre.”