Maintenant que le sujet des changements climatiques circule dans toutes les chaumières et qu’il y aura sans doute bientôt des livres de cuisine en parlant, j’aborde aussi la question.
Dans mon comté définitivement rural (Lotbinière), une initiative citoyenne a donné très récemment naissance à une table de concertation à ce sujet : « Climat demain Lotbinière ». Au lieu de sombrer dans le négativisme et noyer son désespoir en regardant « Game of thrones », ce regroupement de divers organismes locaux désire mettre en commun leurs efforts pour en arriver à une réduction des émissions polluantes.
Évidemment, la première étape, à l’instar de la MRC de Maskinongé, sera d’évaluer localement quelles sont les principales sources des gaz à effet de serre. On peut déjà envisager que les transports et l’agriculture feront partie de la liste des cibles. En matière d’agriculture, on voit venir de loin les expressions « achat local, végétarisme, véganisme ». Une fois l’incontournable phase euphorisante de la création de cette table de concertation, les obstacles apparaîtront. Parmi ceux-ci, les barrières de la Régie des marchés agricoles qui empêchent encore et toujours la production hors-quota. En effet, l’apparition éventuelle de marchés locaux fera rapidement face au défi de trouver localement des œufs, du poulet, du lapin, du fromage, etc. Sept mois après la fin des audiences, la Régie n’a toujours pas rendu son jugement sur le hors-quota, persistant à ne pas vouloir appliquer la loi sur la mise en marché des produits agricoles, qui autoriserait les petits producteurs à fournir leur communauté avec plus que 99 poulets.
Il faudra également aborder la question sensible du végétarisme et du véganisme. À mon avis, ces orientations, dont l’objectif est de se distancer de la production industrielle animale, sont des choix personnels. Mais il ne faudrait pas tout mettre dans le même bain. Si la cible est la production industrielle, il ne faut pas démoniser les petits élevages, sur des fermes diversifiées, avec des animaux ayant accès à l’extérieur. Surtout en climat nordique, les animaux font partie de l’écosystème, qu’on le veuille ou non. À la limite, essayez de convaincre un Inuit de devenir végétarien… Les animaux ont été et resteront une façon incontournable de fournir les communautés humaines à divers aspects : protéines et cuir ou laine, certes, mais aussi fertilisants, compagnie, recyclage de déchets, matière organique, combustible, et aussi réduction des gaz à effet de serre lorsque les bêtes vont au pâturage au lieu de ne consommer que des céréales ou du maïs, contribuant à accélérer la croissance des plantes, un peu comme le forestier pratiquant le jardinage avec ses arbres.
En somme, la paysannerie se révèlera comme étant la meilleure forme d’agriculture pour contrer les changements climatiques.
Maxime Laplante, agr, président