Dans les dernières semaines, le comité international de l’Union paysanne a fait circuler – parmi les organisations québécoises et canadiennes de la société civile – une lettre ouverte destinée aux autorités gouvernementales canadiennes. L’objectif était d’agir collectivement pour prier le Canada d’appuyer le processus de la Déclaration des Nations Unies pour les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales à l’Assemblée générale des Nations Unies. La délégation canadienne, qui s’était abstenue lors du vote au Conseil des Droits Humains le 28 septembre 2018, doit se positionner ce 20 novembre 2018 à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Cette lettre ouverte fut envoyée au gouvernement canadien, ainsi qu’à plusieurs membres de la Chambre des communes et de l’Assemblée nationale, et fut expliquée à New York par la délégation de La Via Campesina présente aux Nations Unies.
La lettre :
Cher Premier Ministre,
Partout dans le monde, les paysans, les agriculteurs et les autres personnes travaillant dans les zones rurales subissent de très graves violations de leurs droits humains : 70% des victimes de la faim, dont la plupart sont des agriculteurs-trices, vivent dans les zones rurales; un grand nombre de paysanNEs sont chassés des terres qui permettent leur subsistance et sont privéEs des ressources en eau; dans de nombreux pays, des lois complaisantes favorisent la production de semences industrielles – produites par un nombre toujours plus restreint de sociétés multinationales – au détriment des semences paysannes. Partout dans le monde, les paysanNEs et les agriculteurs-trices, faute d’un revenu décent, doivent constamment lutter pour espérer des conditions d’existence décentes.
Face à cette situation et compte tenu de l’insuffisance d’instruments juridiques existants, le Conseil des Droits de l’Homme (CDH) a décidé, à la suite des recommandations de son Comité consultatif, de rédiger la Déclaration des Nations Unies pour les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales. L’objectif de cette Déclaration est de promouvoir ces droits en codifiant les droits de l’homme déjà existants, dispersés dans différents documents, et en classant comme droits humains un certain nombre de droits émergents qui sont essentiels afin de combattre les formes spécifiques de discrimination dont souffrent les paysanNEs et les agriculteurs-trices et les personnes qui travaillent la terre (notamment les droits aux semences, à la terre, aux services sociaux, à des conditions de vie et de travail décentes).
Le texte final du projet de déclaration a été approuvé par le CDH le 28 septembre 2018 et présenté le 25 octobre 2018 à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il est urgent que le Canada, en tant que membre influent des Nations Unies, prenne publiquement position en faveur de cette Déclaration historique, qui reconnaît spécifiquement les droits aux semences, à la terre, à l’eau et à la souveraineté alimentaire. Une position résolue du Canada dans la défense des droits humains des paysanNEs, des agriculteurs-trices familiaux et des travailleurs-euses agricoles dans toutes les régions du monde aura un effet d’entraînement sur les autres pays du Nord et renforcera la position des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine qui ont déjà démontré leur appui à la Déclaration.
Compte tenu de l’engagement ferme de votre gouvernement envers la protection et la promotion des droits de la personne, nous sommes convaincus que le 20 novembre prochain, le Canada choisira d’appuyer l’adoption de cette Déclaration historique des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant en milieu rural.
Veuillez, Monsieur le Premier Ministre, accepter l’expression de nos plus cordiales salutations,
Union paysanne
National Farmers Union
Projet Accompagnement Solidarité Colombie
Réseau québécois des groupes écologistes RQGE
Inter Pares
ARO CoopérAction InterNational
Vigilance OGM
Connexion justice sociale
Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Projet Accompagnement Québec-Guatemala
Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social (CIBLES)