Souveraineté alimentaire en temps de crise
Monsieur Groleau,
Depuis le début de la crise reliée à la Covid-19, vous nous avez souvent rappelé l’importance de consommer des produits québécois et d’assurer la sécurité alimentaire du Québec. Dans votre récente chronique intitulée : « Covid 19, j’ai confiance en nous », vous affirmez que «La sécurité alimentaire d’une nation est une priorité qui dépasse très largement les intérêts économiques de tout un chacun.» Sur ce, l’Union paysanne ne peut qu’être en accord avec vous.
C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui d’agir en acteur positif de changement.
Monsieur Groleau, vous connaissez bien les demandes de l’Union paysanne. Devant la Régie des marchés agricoles, pendant les audiences pour la hausse de la production hors quota, vous avez vous-même dénoncé la rigidité et le manque d’ouverture de certaines Fédérations de producteurs.
En cette période de crise, la sécurité alimentaire du Québec est en danger. Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie, nous rappelait récemment que durant l’hiver et le printemps, 40 % de tout ce qu’on consomme provient soit des États-Unis ou a transité par les États-Unis. Il faut absolument augmenter la production de denrées alimentaires par et pour nos communautés et ainsi diminuer notre dépendance aux aléas des marchés mondiaux.
Plusieurs mesures peuvent être mises de l’avant dès maintenant afin de favoriser la production et la distribution en circuit court. Pour ce faire, nous vous exhortons d’adopter ces mesures :
• Augmenter les seuils de production hors quota à 500 oeufs, 2000 poulets et 300 dindons, de façon à permettre aux fermes du Québec de nourrir nos communautés. Pendant que vos fédérations nous interdisent de produire ces denrées, le Québec importe ces mêmes aliments de l’étranger. Par exemple, le Québec importe pour 42 millions $ de poulet alors qu’une ferme d’ici ne peut produire plus de 300 poulets sans détenir un exorbitant quota. Autre exemple: le Québec importe pour plus de 6 millions de dollars d’oeufs mais on interdit aux fermes du Québec d’avoir plus de 100 poules sans acheter un quota à l’industrie de la volaille;
• Nous aider à faire appliquer la Loi sur la mise en marché des produits agricoles qui dit clairement qu’un plan conjoint (et quota) ne devrait pas s’appliquer aux ventes directes au consommateurs;
• Supprimer les entraves imposées par les offices de producteurs à la vente à la ferme et en circuit court telles que l’obligation de payer des prélevés sur le transport du lait pour les artisans-fromagers (alors que leur lait ne sort pas de la ferme);
• L’arrêt des poursuites et saisies menées par les différentes fédérations de l’UPA qui vont même jusqu’à mépriser les règles de confinement en faisant irruption dans des fermes (http://lavieagricole.ca/5909). Les paysans-nes du Québec ne demandent qu’à pouvoir nourrir leurs communautés. Ces personnes ont les possibilités d’assurer la sécurité alimentaire du Québec. Donnons-leur la possibilité de le faire. Il nous apparaît urgent de trouver une nouvelle voie qui permettrait à la fois de protéger la gestion de l’offre et de donner de l’espace aux jeunes, aux régions, aux agriculteurs biologiques, à l’agriculture locale et aux paysans.
Puisque vous prétendez nous représenter, vous avez donc l’obligation morale de nous soutenir dans notre intention de contribuer à la souveraineté alimentaire du Québec.
Maxime Laplante, agr, producteur, président, l’Union paysanne
Alexandre Pigeon, producteur, vice-président, Union paysanne
Valérie Savard-Bergeron, productrice, trésorière, Union paysanne
Jean-Simon Voghel, secrétaire, Union paysanne
Gaspar Lépine, Producteur, administrateur, Union paysanne
Colette Lavergne, citoyenne, administratrice, Union paysanne
Sarah Bordeleau, administratrice, Union paysanne
Alexandre Béland, administrateur, Union paysanne
Pierre-Olivier Brassard, administrateur, Union paysanne
Marie-Josée Renaud, coordonnatrice, Union paysanne