«Le processus séculaire qui a créé et développé la diversité dans les champs a conduit à la mise en place d’une série des bases juridiques afin de garantir l’exercice des droits collectifs, permettant ainsi une coévolution continue. Il est de la responsabilité des États-nations de déterminer comment les ressources naturelles doivent être utilisées et comment leur usage doit être réparti. C’est à eux de décider quels droits doivent être accordés pour l’utilisation, l’accès et le contrôle de ces ressources et qui est le titulaire de ces droits.
Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs au sein des États-nations et entre les différents États a modifié la nature de ces droits, en imposant par exemple la notion de propriété intellectuelle sur les semences et en tentant de réduire à néant les droits collectifs détenus par les collectivités ou les paysans. La forme et l’étendue de ces droits ont été élaborées et codifiées au fil du temps. Il est légitime de lutter et de mener des actions d’auto-défense contre la violation de ces droits collectifs, comme par exemple ceux qui garantissaient — ou garantissent encore — l’accès au foncier, à l’eau et aux ressources de la biodiversité, et aussi l’utilisation et le contrôle de ces ressources. Cette légitimité prime sur les réglementations et législations éventuellement en place, si celles-ci vont à l’encontre de ces droits. Le fait, pour les petits producteurs d’aliments, de reprendre leur autonomie et de recouvrir la souveraineté dans la gestion des ressources génétiques est un outil fondamental en vue d’adapter la production d’aliments aux besoins de la population mondiale ainsi qu’aux changements incessants des écosystèmes. Ceci doit être clairement expliqué (et fait comprendre).»
Antonio Onorati
Président de Crocevia et point focal international de la CIP pour la souveraineté alimentaire