La presse regorge actuellement d’articles sur les répercussions des récents accords de libre-échange ainsi que sur les changements climatiques en lien avec notre agriculture. Conscient de l’impact financier sur les fermes du Québec de l’entrée massive de denrées en provenance d’autres pays, il est cependant nécessaire de pousser l’analyse plus à fond et de ne pas simplement réclamer plus d’argent du gouvernement. Premièrement, il ne fallait pas faire de l’agriculture un produit marchandable et exportable. Vouloir exporter à tout prix et ensuite réclamer une fermeture des frontières relève de la plus profonde hypocrisie.
Ensuite, il faut permettre aux entreprises agricoles de diversifier leurs sources de revenus, par exemple en permettant la mise en marché directe ou l’agrotourisme. Limiter la vente directe à 99 poulets (hors-quota) constitue une entrave majeure à une avenue de diversification. Nous attendons évidemment le jugement de la Régie des marchés agricoles dans ce dossier, jugement qui devrait en principe être émis d’ici un mois. Il serait aberrant que le Québec persiste à interdire la vente directement de la ferme alors que le même gouvernement permet l’importation des mêmes produits de l’étranger. Continuer à interdire les tables champêtres en zone verte, sous prétexte qu’il s’agit d’une nuisance aux activités agricoles, est une autre aberration.
Alors que le Québec vit un « automne » qui donne hâte à l’arrivée de l’hiver et que les messages abondent pour modifier notre consommation d’énergie fossile, la paysannerie, l’agro-écologie et l’agroforesterie devraient apparaître comme les conclusions logiques pour nous distancer de notre modèle agricole énergivore. Un tel changement devra nécessairement passer par une réforme du financement de notre agriculture, ce qui est loin d’être le cas actuellement, alors que le Québec s’enlise à miser sur l’exportation.
Nous avons demandé à rencontrer le nouveau ministre de l’agriculture, M. Lamontagne. D’emblée, il mentionne ne pas vouloir toucher au monopole de l’UPA mais aussi qu’il veut favoriser la diversification des fermes. Est-ce normal si j’ai eu de la difficulté à mettre ça dans la même phrase? Je suis curieux de voir comment le ministre réalisera ce paradoxe…
D’ici là, je souhaite à chacun un beau temps des fêtes, du fond de mon rang. Je trouverai bien un poulet, un lapin ou une dinde hors-quota dans mon congélateur. Ça a meilleur goût.
Maxime Laplante, ag, président