Dans le cadre de la rencontre de l’ONU sur la Convention sur la diversité biologique (Montréal, 2-7 juillet 2018).
À propos de la plénière concernant « diversité biologique et changements climatiques : approches écosystémiques d’adaptation aux changements climatiques et de réduction des risques de catastrophes »
Je suis une paysanne québécoise canadienne de l’Union Paysanne. Je parle au nom de La Via Campesina.
Tout d’abord, nous tenons à rappeler que toute approche écosystémique qui relie biodiversité et changements climatiques ne peut pas exclure les systèmes agricoles, qui occupent une place très importante dans l’écosystème planétaire Pour prétendre combattre les changements climatiques, il est extrêmement important de reconnaître qu’il faut changer le système agroalimentaire, qui a un impact énorme sur les écosystèmes et l’environnement, sauvage ou non.
Nous avons écouté les parties s’exprimer longuement sur les engagements non obligatoires. Nous vous demandons de nous écouter lorsque nous disons que ce sont des mesures qui n’ont pas d’impacts réels sur les changements climatiques.
En tant que mouvement paysan, nous avons fait des choix sur nos fermes et dans nos organisations afin de promouvoir l’agroécologie comme référence pour nos systèmes de production alimentaire culturellement, écologiquement et économiquement appropriés. Nous avons déjà mis en place des mesures concrètes en basant nos systèmes alimentaires sur l’agroécologie afin de défendre la biodiversité – qui est un élément central et fondamental de nos systèmes.
L’agroécologie paysanne non seulement protège et conserve la biodiversité par la gestion dynamique de nos agroécosystèmes, mais cette agriculture à échelle humaine augmente, récupère et régénère l’ensemble des fonctions écosystémiques de nos territoires. Si nous, paysannes et paysans qui travaillons fort et qui avons peu de moyens, sommes capables de réinventer nos systèmes alimentaires et d’adapter nos modes de vie à la réalité des changements climatiques, nous dénonçons le fait que certains gouvernements, industries et sociétés transnationales soient incapables d’en faire autant et de proposer des changements radicaux et fondamentaux dans leurs modes d’action pour adresser la problématique des changements climatiques, malgré les énormes moyens économiques et scientifiques dont ils disposent.
Nous soulignons notre leadership en matière de régénération de la biodiversité, d’adaptation et de lutte aux changements climatiques.
Nous souhaitons remercier la Bolivie pour sa reconnaissance des paysans, paysannes et peuples indigènes comme étant les populations détenant les clés des solutions aux changements climatiques. Nous soutenons également les amendements proposés par les peuples indigènes.
Si vous avez besoin d’expertise en agroécologie, vous êtes cordialement invités à venir participer à des journées de renforcement des capacités et de partage horizontal des savoir-faire sur nos fermes et dans nos écoles paysannes. Vous verrez que la bataille contre les changements climatiques se jouent directement sur la Terre.
Geneviève Lalumière, paysanne semencière, membre du comité international de l’Union paysanne