Ste-Croix, 15 mars 2018 – L’UPA, la Coop fédérée et Desjardins réaniment la défunte « Solidarité rurale » en vue d’un événement en mai. Véritable tentative de développer la ruralité ou opération cosmétique?
Le constat est clair, nos régions se vident de leurs services, de leur population, alors que les villes grandissent. Depuis sa fondation, l’Union paysanne mise sur l’alliance entre la terre et la table. Ses membres proviennent d’ailleurs de la campagne et de la ville, contribuant à une réflexion élargie sur l’avenir de notre agriculture.
Mais un renouveau de la ruralité passe par un changement radical, selon Maxime Laplante, président du l’Union paysanne. Selon lui, il faudra plus que des mesures cosmétiques. Si le nombre de fermes continue de décliner, que les rangs se vident, c’est parce que des décisions politiques ont dicté cette voie. La relève agricole qui n’a pas accès aux quotas de production, l’accès à la terre qui est lourdement entravé alors que d’immenses superficies sont en friche, les tables champêtres sont interdites en zone verte, les subventions agricoles incitent à la monoculture et la Caisse Desjardins, partenaire de la campagne Tous ruraux, ferme ses guichets dans les villages. Tout cela contribue à la désertification de nos campagnes.
Il faut relire Jacques Proulx, fondateur de Solidarité rurale, à propos du rapport Pronovost sur l’avenir de l’agriculture : « …Pronovost, c’était une révolution en agriculture, un coup de barre essentiel pour bâtir l’agriculture de demain. Tous les corporatismes se sont braqués et les politiques n’ont pas eu le courage de faire les changements qui s’imposaient. » Et aujourd’hui, l’UPA et la Coop fédérée tentent de nous convaincre de leur volonté de changement pour la revitalisation de la campagne, alors que l’encre du rapport Pronovost est bien sèche. Ces mêmes corporations qui réclament plus d’argent à l’État pour la conquête des marchés à l’étranger, entraînant la désertification des campagnes, cause de l’agriculture intensive, industrielle et spécialisée.
L’Union paysanne croit fermement en la ruralité. Mais pour la sauver et la promouvoir, il faudra appliquer les recommandations du rapport Pronovost, redonner de l’oxygène pour enrayer l’étouffement et l’exode. Il faudra réformer le soutien de l’État pour l’agriculture, permettre l’accès à la terre en région, permettre l’accès à la production, permettre la liberté d’association, revoir notre modèle agricole en fonction d’un objectif de souveraineté alimentaire et d’agro-écologie paysanne.