Saint-Hyacinthe le 2 mars 2010 – La Coalition pour la liberté d’association en agriculture du Québec (CLAAQ) se dit peu impressionnée par les changements proposés à la structure syndicale de l’Union des producteurs agricoles (UPA).
Celle-ci vient en effet d’annoncer que le couperet va tomber sur les syndicats de base, entité qui représente comme son nom l’indique…les agriculteurs à la base. Ces changements s’inscriraient dans un projet de refonte de sa structure qu’elle nomme «UPA du futur». Ainsi, 59 syndicats de base et 5 fédérations régionales disparaîtraient. Les entités restantes verraient leur surface augmentée et seraient désormais définies en fonction du territoire des MRC.
Selon la CLAAQ, ce changement ne peut pas favoriser un meilleur exercice de la démocratie : «Plus l’entité élémentaire est grande, moins il est possible que la dissidence soit majoritaire. C’est le principe de dilution.» a expliqué Richard Favreau, d’Avenue Bio de l’Est, l’une des 6 associations de producteurs membres de la CLAAQ. C’est une perte nette en démocratie pour les agriculteurs.
Selon les membres de la Coalition, l’«UPA du futur» serait d’abord et avant tout une façon de sauver de l’argent et une tentative de préserver le monopole syndical et les avantages qu’il confère à son organisation. « Ils veulent apporter des changements esthétiques à un modèle syndical qui est périmé» a mentionné Pierre St-Germain de l’Association des Érablières Transformateurs des Produits de l’Érable. «Ils auront beau changer l’étiquette, le contenu qui se trouve à l’intérieur de leur boîte va demeurer le même.»
Cependant, il appert que les besoins en financement de l’Union des Producteurs sont bien réels. Depuis le début des années 2000, elle emprunte1 à ses fédérations spécialisées des montants dépassant parfois le million de dollars afin d’équilibrer ses budgets. Comme en témoigne d’ailleurs son président actuel dans une entrevue2 « On était à la limite. On a déjà compressé les dépenses ».
Mais selon la CLAAQ le redressement financier n’est pas la véritable priorité de l’«UPA du futur». «C’est une opération qui vise surtout à détourner l’attention des producteurs du seul véritable changement qui permettra de faire évoluer toute l’agriculture, soit la fin au monopole syndical.» a mentionné Louis R. Joyal, président des Céréaliers du Québec.
Tous les acteurs de l’agroalimentaire vous le diront, l’UPA n’est plus l’organisation cohésive qu’elle était sous le règne de Laurent Pellerin, par exemple. Les appels répétés à l’unité des troupes par le président actuel lors du Congrès de décembre 2009 sont bien représentatifs du fait que, désormais, il n’y en a plus d’unité. «Plusieurs de leurs administrateurs sont désormais membres de nos associations et souhaitent un retour à la démocratie par le biais de la pluralité syndicale» a expliqué Benoit Girouard, président de l’Union Paysanne.
«L’UPA du futur propose un syndicalisme en mode rationalisation et qui n’apporte rien de nouveau. La CLAAQ réclame plutôt de redonner aux agriculteurs le choix de rejoindre et de financer l’organisation qu’ils jugeront la plus adéquate pour défendre leurs intérêts» a-t-il conclu.
Benoit Girouard, président Union paysanne : 450-495-1910
Gilles Brouillard, Céréaliers du Québec : 450-223-4359
1 : Rapport financier des Fédérations spécialisées de l’UPA, années 2000 à 2007
2 : Entrevue à la Terre de Chez nous. L’UPA revue de fond en comble. Thierry Larivière 25 février 2010
Rappelons que la CLAAQ est composée de 6 associations d’agriculteurs regroupant 1500 agriculteurs qui militent en faveur de rétablissement de la liberté d’association en agriculture au Québec.
Association des Jardiniers Maraîchers : Fondée en 1945, elle regroupe plus de 300 producteurs maraîchers qui représentent 80% de la production maraîchère québécoise.
Association des Érablières Transformateurs des Produits de l’Érable : Regroupe plus de 300 érablières qui transforment et mettent en marché leurs produits de l’érable.
Association des producteurs de gazon : Fondée en 1968 elle regroupe plus d’une trentaine de producteurs de gazon qui mettent en marché plus de 80% du gazon cultivé au Québec
Avenue Bio de l’Est : Fondé en 1999, le regroupement des producteurs et productrices horticoles biologiques du Bas-Saint-Laurent rassemble environ 15 fermes.
Les Céréaliers du Québec : Créé en 2004, il regroupe plus de 200 membres qui produisent des céréales ou des oléagineux.
Union paysanne : Fondée en 2001, elle regroupe actuellement 500 agriculteurs dans l’ensemble des productions.
