Lachute, 30 janvier 2017. L’Union paysanne invite aujourd’hui les agriculteurs concernés à ne pas bloquer le passage sur leurs terres agricoles. Consciente à la fois de la souveraineté d’un propriétaire terrien et de la générosité des agriculteurs, l’Union paysanne ne peut pourtant que condamner la tactique syndicale de l’UPA.
L’appel lancé par l’UPA, en plus d’être contre-productif, revient à prendre en otage une autre industrie qui a une grande proximité avec le monde agricole : le tourisme. Sans oublier que certains agriculteurs ont des activités agricoles hivernales à la ferme et qu’ils en seront aussi affectés. « C’est la 3e fois en 12 ans que l’UPA utilise ce moyen de pression et le résultat s’est traduit à chaque fois par des échecs et aucun gain pour les agriculteurs» ajoute Benoit Girouard, président de l’Union paysanne. Une fois le conflit terminé, ce sera encore aux agriculteurs sur le terrain à rebâtir les ponts et non au syndicat.
L’Union paysanne s’entend avec l’UPA sur le besoin d’en arriver à un nouveau pacte fiscal concernant la taxation des terres agricoles. Nous n’avons d’ailleurs rencontré aucun fonctionnaire ou député qui n’était pas conscient du besoin d’en arriver à une redéfinition de la fiscalité agricole, mais la question est plus large que ce que l’UPA veut laisser entrevoir. Le fameux programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA) a pratiquement triplé en 15 ans pour s’établir à 145 millions cette année. Il est le deuxième plus important programme de soutien en agriculture…et il va aux municipalités. Il entre donc dans l’assiette fiscale des municipalités rurales dont certaines sont dans le rouge.
L’Union paysanne est consciente que l’ex-ministre Paradis aurait dû prendre le temps de mieux expliquer les tenants de ce dossier et l’effort additionnel que son gouvernement demandait à un bon nombre agriculteurs. Du côté de l’UPA elle devrait relire l’étude1 qu’elle a commandée et qui démontre que les agriculteurs québécois sont parmi les plus soutenus de la planète (page 11). On constate également que la baisse du soutien agricole des dernières années s’inscrit dans un courant mondial (page 13). Cela ne veut pas dire qu’il faut voir le soutien direct fondre encore plus, mais tout de même reconnaître que bloquer les sentiers de motoneige est indécent.
La spirale inflationniste des terres agricoles est un phénomène très préoccupant dans les pays industrialisés. Plusieurs ont posé des actions afin d’y faire face, mais il est encore difficile de séparer les succès des insuccès.
Afin d’amorcer un réel règlement à long terme de la taxation des terres agricoles, l’Union paysanne invite le gouvernement Couillard à élargir le mandat du fiscaliste Luc Godbout afin d’étudier les modes de taxation ailleurs dans le monde, d’en faire l’analyse et de proposer aux agriculteurs et aux municipalités des pistes de solution.
En terminant, l’Union paysanne a confiance que les agriculteurs sur le terrain ont un sens élevé de la collectivité et de la nécessité de s’allier à la population. Nous félicitons d’ailleurs la Fédération régionale de l’UPA-Saguenay qui a pris position de ne pas bloquer les sentiers. On doit en finir avec la confrontation avec nos concitoyens. Nous devons plus que jamais construire des ponts et non des murs.
1 : « Évaluation et comparaison du soutien agricole au Québec », Éco-ressources Nov.2016
Pour plus d’informations:
Benoit Girouard Président Union paysanne 450-495-1910 |
Maxime Laplante Vice-président 418-926-2473 |
L’Union paysanne est une association d’agriculteurs et de citoyens qui intercède auprès du gouvernement, des médias et de l’opinion publique pour promouvoir les intérêts de la paysannerie. Elle donne une place à tous ceux désireux de s’impliquer en faveur d’une agriculture et d’une alimentation paysannes. L’Union paysanne c’est… l’Alliance de la Terre et de la Table.