Début avril, l’Union paysanne a posé 8 questions aux 5 candidats à la chefferie du Parti Québécois. Ces questions couvrent une partie des intérêts des agriculteurs et de la population en matière d’agriculture et d’alimentation. Nous avions fait le même exercice lors de la campagne électorale de l’an passé. Fait toujours étonnant; l’agroalimentaire, pourtant au coeur des questions de société, se retrouve négligé lors des campagnes électorales.
De façon concrète, seulement Alexandre Cloutier n’a pas répondu, même avec rappel et extension des délais. Concernant les réponses des quatre autres candidats, elles sont intégrales et dans l’ordre que nous les avons reçues.
L’analyse? À vous de la faire. Il nous est possible d’être cynique, mais nous avons le devoir, comme citoyen, de talonner les hommes et femmes politiques afin qu’ils développent une pensée au-delà de slogans creux. Vous pourrez constater que les candidats se sont réellement appliqués par des réponses élaborées. Il y a des positions innovantes, certaines plus classiques, mais un réel effort que nous saluons.
Depuis Jean Garon, le PQ n’a plus jamais été le même en agriculture. Dans les coulisses, il était accusé d’être la succursale arrière de l’UPA, ce qui a nuit à ses appuis. Peut-être que dans les réponses plus bas se dessine une vision renouvelée de l’agriculture.
Pour ce qui est de la fameuse question du monopole de l’UPA, c’est toujours le même gris terne PQ. On évite de se prononcer clairement et sans envergure, quoique la réponse de Pierre-Karl Péladeau semble la plus ouverte à la question du pluralisme. Comme quoi l’idée et la question de la démocratie a encore du chemin à faire dans un parti qui se dit social-démocrate.
Benoit Girouard
Président Union paysanne
Questions posées et réponses obtenues
des candidat(e)s à la chefferie du PQ
Question 1
À l’heure actuelle, le Canada permet la vente de fromages de lait cru importés qui sont soumis à des exigences inférieures à celles auxquelles les fromages de lait cru québécois sont soumis. Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre pour remédier à cette situation inéquitable et favoriser la liberté de production des fromagers québécois?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Je considère que l’agriculture ne peut être transigée comme une marchandise. Faut faire une distinction entre un meuble fabriqué en Chine et un produit alimentaire. Entre temps, avec les ententes de libre-échange qui nous sont imposées, je propose d’y inclure des clauses de réciprocité des normes de fabrication. Question d’équité !
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Depuis plusieurs années maintenant, l’offre de formages fins s’est grandement développée au Québec et c’est une grande source de fierté pour les artisans fromagers dans nos terroirs. La concurrence des fromages européens pose cependant plusieurs enjeux pour ce créneau porteur. Le régime de contrôle en est un, puisque l’Agence canadienne d’inspection des aliments ne contrôle que le produit fini et non sa production – alors même que les exigences sanitaires sont moins serrées dans l’Union européenne qu’ici. La solution se trouve-t-elle du côté des exigences du MAPAQ ou du contrôle de l’ACIA? Au Québec, je propose de dresser le bilan du resserrement des exigences qui a eu lieu en 2008 : comment cela s’est-il traduit pour les fromagers? Quels ont été les gains réels en termes de sécurité alimentaire?
Cet aspect ne doit pas faire oublier les enjeux soulevés par le nouvel Accord de libre-échange avec l’Union européenne. Le gouvernement fédéral a choisi de satisfaire les producteurs de bœuf de l’Ouest, il a marchandé l’augmentation des quotas d’importation du bœuf contre un accès supplémentaire des fromages européens au marché canadien. On voit bien que les intérêts du Québec ne sont pas représentés, alors que nous produisons plus de 50% des fromages au Canada – et plus de 60% des fromages fins! Il est urgent que le Québec devienne indépendant afin que nous puissions négocier nos propres ententes à l’international. De plus, d’autres pistes peuvent être explorées, notamment via les nouvelles technologies d’épuration du lait cru qui ne nécessitent pas de le chauffer à plus de 40 °C.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : En raison de notre statut de province au sein du Canada, l’inspection des fromages importés est sous la responsabilité du gouvernement fédéral via l’Agence canadienne d’inspection des aliments alors que les fromagers québécois doivent respecter les normes du MAPAQ. Cette situation de deux poids deux mesures démontre bien l’une des limites inhérentes à notre statut politique. Cet enjeu est d’autant plus important que l’entente de libre-échange avec l’Europe prévoit un contingent d’un peu plus de 17 000 tonnes supplémentaires de fromages européens sur notre marché. Alors que près de 60% des fromages fins canadiens sont produits au Québec, il me semble important de s’assurer que les fromages européens et québécois soient soumis à des exigences similaires. Le gouvernement québécois devra exercer de fortes pressions afin que le gouvernement fédéral impose et mette en œuvre de telles normes. Nous devrions également étudier la possibilité de contrôler l’état bactériologique des fromages importés chez les détaillants. Évidemment, dans un Québec indépendant, nous ne dépendrions pas de la bonne volonté d’Ottawa.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Les normes imposées aux producteurs fromagers du Québec devraient aussi s’appliquer aux fromages importés. Le MAPAQ doit analyser cette question, puisqu’une partie des normes de fabrications sont imposées par le Québec, d’autres le sont par le gouvernement fédéral. Toutefois, c’est le gouvernement du Canada qui a la responsabilité du contrôle des frontières et des produits importés qui entrent ici, tout comme c’est le Canada et non le Québec qui négocie le volet agricole des accords commerciaux internationaux.
La conclusion de l’AECG implique un certain nombre d’enjeux pour les producteurs agricoles :
– Pour certaines productions (bœuf, porc, bison, sirop d’érable, canneberge, bleuet, bois, aliments transformés, etc.), il s’agit d’une annonce positive, car elle améliore l’accès aux marchés européens.
– Les grands perdants de cette entente sont les producteurs en matière de fromages artisanaux, de lait de vache, de chèvre et de brebis : Les gouvernements du Canada et du Québec ont promis des compensations, mais les pertes de productions annuelles sont estimées à 180 millions de litres (150 M$), uniquement pour le lait de vache.
Le budget annuel de la Politique agricole commune de l’Union européenne avoisine les 80 G$. La part des subventions dans le revenu des producteurs laitiers européens est passée de 44 % en 2006 à 64 % en 2009, ce qui a un effet sur les prix sur le marché mondial.
Le gouvernement de Pauline Marois avait exigé que les compensations promises par le gouvernement fédéral soient annoncées et satisfaisantes pour les producteurs avant que l’accord ne soit signé, un engagement sur lequel le gouvernement de Philippe Couillard a reculé.
Concernant l’AECG, les gouvernements libéraux ont failli à leurs tâches à deux reprises :
– En 2009, alors que le gouvernement Charest aurait dû exiger que le système de gestion de l’offre soit exclu des négociations, comme cela a été fait pour les subventions européennes au secteur agricole.
– Actuellement, alors que le gouvernement Couillard a renoncé au rapport de force qui avait été établi vis-à-vis Ottawa; le premier ministre a en effet laissé entendre qu’il serait prêt à ratifier l’accord sans s’assurer que les producteurs soient correctement indemnisés. Pourtant, dans les jours suivant la conclusion de l’AECG, le gouvernement fédéral avait annoncé une compensation de 280 M$ dans un fond fédéral-provincial totalisant 400 M$ pour les pêcheurs de Terre-Neuve en lien avec cet accord. L’industrie automobile ontarienne recevra également 500 M$ sur deux ans pour un accord avec la Corée du Sud… qui n’était même pas encore signé.
Le Québec, particulièrement le gouvernement de Philippe Couillard, n’est qu’un spectateur dans ces négociations commerciales internationales et est à la merci d’Ottawa dans la défense de la gestion de l’offre, un des politiques agricoles les plus importantes pour l’économie du Québec.
Le gouvernement du Québec doit faire plus qu’appuyer les producteurs. Il doit se doter d’une stratégie et monter au front pour s’assurer qu’Ottawa défende adéquatement le secteur agricole québécois dans les négociations d’accords commerciaux, dont le PTP.
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Question 2
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre pour assurer la liberté d’association aux producteurs agricoles du Québec et garantir le pluralisme syndical comme dans tous les autres secteurs d’emploi au Québec, au Canada et dans le monde?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Il est très dangereux de soumettre l’agriculture aux seules lois du marché. La syndicalisation agricole, comme nous la connaissons, offre un contrepoids essentiel à ces dernières. Je suis d’accord pour ouvrir un dialogue et trouver nos points d’équilibre pour continuer à développer ce beau secteur d’activité.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Compte tenu des défis auxquels fait face l’agriculture dans un contexte d’économie mondialisée, il est essentiel d’avoir un rapport de force. Les syndicats sont de grands artisans du progrès social et économique du Québec. Ceci étant dit, la question syndicale en agriculture doit être abordée et c’est au milieu agricole de trancher sur le type de système qu’il désire maintenir. Je préconise de documenter cette question pour avoir un portrait complet des enjeux. L’objectif est de permettre aux différents acteurs de trouver une solution équilibrée qui permettra de concilier une industrie forte devant la compétition étrangère tout en permettant l’agriculture émergente et l’innovation au Québec, grande créatrice de richesse.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Je considère que cette décision doit revenir aux agriculteurs eux-mêmes, les mieux placés pour juger des avantages et des inconvénients de chaque modèle. Il demeure que la fragmentation de la représentation agricole pourrait affaiblir la force de représentation de tous les producteurs agricoles, petits ou grands, dans un contexte où le gouvernement québécois semble faire peu de cas du monde agricole, sans parler du gouvernement canadien.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Il appartient au monde agricole de définir les modes de représentation que les producteurs souhaitent mettre en place pour gérer leurs négociations et leur mise en marché et de s’assurer que les intérêts de tous les types et tous les modes d’agriculture soient représentés équitablement.
Dans un contexte de souveraineté alimentaire, je crois cependant qu’il faut être sensible à des modes de production alternatifs qui permettent d’autres modèles de production, notamment ceux de type familial. Cette approche de l’agriculture, qui se développe et qui fait retour en force partout sur la planète, permet des productions parfois artisanales, originales, durables et branchées. Cette agriculture à plus petite échelle alimente des réseaux de consommation novateurs qui soutiennent directement les producteurs, en plus de favoriser le rapprochement entre ceux-ci et les communautés qu’ils desservent. Il faut faire place à cette approche dans le monde agricole québécois et cultiver plus globalement nos terroirs, soutenir l’innovation de nos productions, appuyer le développement de la relève agricole, investir dans nos filières bioalimentaires les plus prometteuses, encourager les secteurs d’exportations, mais aussi favoriser la consommation des produits québécois par nos citoyens. L’agriculture et le milieu agricole revêtent une importance considérable pour l’avenir du Québec. C’est un secteur économique qu’il faut continuer d’appuyer collectivement en misant sur sa diversité et sa qualité, tout en soutenant l’audace de ses producteurs.
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Question 3
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre envers l’utilisation d’hormone de croissance, d’antibiotique et de pesticides qui se retrouvent dans notre alimentation
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Je propose d’intensifier l’appui et faire la promotion de l’agriculture biologique. Ainsi, nous pourrions, de ce fait, régler plusieurs questions d’hormones de croissances, antibiotiques et pesticides. Le développement des produits du terroir me préoccupe, nous avons tout ce qu’il faut au Québec pour le stimuler.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Nous devons faire un bilan à mi-parcours de la mise en place de la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture. Les pesticides systémiques tels que les néonicotinoïdes doivent faire l’objet d’une attention particulière. Au Québec, ce sont entre autres les groupes environnementaux et la Fédération des apiculteurs qui s’inquiètent des impacts de ces produits sur les écosystèmes – particulièrement les pollinisateurs et les autres espèces utiles – ce qui menace, à terme, la productivité de l’environnement agricole. D’ailleurs le lien entre leur utilisation et les mortalités d’abeilles a été établi par l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Sur des constats similaires, en 2013 la Commission européenne a suspendu leur utilisation. Bien que le gouvernement fédéral soit responsable de l’homologation des produits phytosanitaires, le Québec peut restreindre l’accès ou interdire un produit sur son territoire et je crois que nous devons nous inspirer de l’exemple européen et exercer un leadership fort sur cette question. Nous aurions tout avantage à ce que le Québec devienne un pays afin d’être en mesure d’appliquer sur l’ensemble de notre territoire nos propres lois.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Le premier rôle du gouvernement est d’assurer la protection de sa population. Je considère que le gouvernement doit veiller consciencieusement à ce que les antibiotiques, les hormones de croissance et les pesticides soient utilisés adéquatement en fonction des connaissances scientifiques actuellement disponibles. Sur l’utilisation d’antibiotique, le gouvernement doit poursuivre son travail de sensibilisation et veiller au respect de règles claires afin d’éviter que leur utilisation sur les animaux ne permette le développement de bactéries résistantes. Il s’agit d’un risque réel. Le gouvernement doit prendre les moyens nécessaires pour prévenir le développement de telles résistances et surveiller attentivement ce secteur, surtout lorsque les antibiotiques sont utilisés comme facteur de croissance, et non pas seulement pour soigner un animal. Par ailleurs, les autorités compétentes du gouvernement québécois comme les ministères et les organismes experts doivent procéder à une évaluation rigoureuse et constante des connaissances scientifiques actuelles et à venir concernant l’utilisation de tout produit pouvant avoir un effet sur la santé humaine et animale.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Je crois qu’il faut favoriser d’autres modes de production agricole et permettre l’émergence d’autres approches de production que ce soit la filière biologique ou que ce soit d’autres techniques. Le secteur bioalimentaire québécois est actuellement en pleine effervescence et je crois qu’il y a place pour des approches innovantes en matière de traçabilité, d’innocuité des aliments, de protection et de mise en valeur des terroirs. L’utilisation des pesticides, des hormones et des antibiotiques dans le secteur agricole devrait faire l’objet de règles d’utilisation très strictes au fur et à mesure que la science témoignera des effets nocifs de ces produits au sein de la chaîne alimentaire humaine. Cette évolution doit se faire progressivement pour permettre en accompagnant les producteurs et en mettant à contribution le milieu de la recherche.
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Question 4
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre pour augmenter la production biologique au Québec?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Je propose d’intensifier l’appui et faire la promotion de l’agriculture biologique.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Le secteur biologique doit nécessairement croître puisque la production actuelle ne suffit pas à satisfaire la demande et on estime que 70 à 75 % des produits biologiques consommés ici sont importés. Je souhaite que le Québec se dote d’une stratégie de soutien à la production biologique qui comprendrait notamment une aide spécifique à l’installation, une aide à la transition pour les agriculteurs qui opéraient auparavant en régie conventionnelle et une offre adaptée de produits de gestion des risques. Un autre enjeu qui me tient à cœur est celui de la mise en marché des produits par circuits courts – un modèle répandu dans la filière biologique. Pour les consommateurs, les circuits courts offrent une meilleure traçabilité et une meilleure transparence sur les modes de production. Pour les producteurs, les circuits courts sont synonymes d’augmentation des marges, de valorisation du métier et de contact convivial avec la clientèle. A un niveau régional, les circuits courts encouragent le maintien et le développement de fermes familiales diversifiées. C’est pourquoi j’ai inscrit dans ma plateforme un engagement à soutenir le système d’agriculture soutenue par la communauté, dans lequel les consommateurs sont alimentés directement par leurs fermiers de famille.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Avec la politique de souveraineté alimentaire, le Parti Québécois visait à ce qu’au moins 50% des produits consommés par les Québécois soient des aliments produits localement, sur notre territoire. De mon point de vue, il s’agit d’une occasion à saisir pour les producteurs biologiques du Québec qui doivent bénéficier des atouts de cette politique pour augmenter leur production. En facilitant l’identification des produits québécois, les produits biologiques en sortiront également gagnants.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Il faut cultiver la diversité de nos approches dans le monde agricole pour augmenter la création de richesses et permettre aux hommes et aux femmes qui choisissent ce secteur de bien vivre. L’agriculture biologique est appelée à connaître une croissance impressionnante au fil des prochaines décennies. Il faut encourager ce secteur et trouver des façons innovantes d’appuyer ses entrepreneurs. La politique de souveraineté alimentaire donne des pistes de réflexion à explorer, mais il serait également grand temps d’envisager des appuis stratégiques à la culture en serre, notamment par l’entremise de nos surplus électriques. De cette façon, nous pourrions sans doute aider à faire émerger des chefs de file québécois en agriculture biologique en serre. Il n’en tient qu’à nous de proposer un monde agricole d’avenir pour le Québec. En cette matière et dans bien d’autres secteurs, on doit pouvoir s’inspirer des meilleures pratiques internationales.
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Question 5
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre en matière d’étiquetage des OGM sachant que cette question fait l’objet d’une quasi-unanimité chez les Québécois depuis 20 ans?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Un Québec indépendant pourrait, face à un consensus comme celui de l’étiquetage des OGM, avoir sa propre politique et obliger les transformateurs de produits agricoles à inscrire clairement sur les étiquettes ce que nous mangeons
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Je suis d’avis que les citoyens sont en droit d’avoir l’ensemble des informations relatives aux modes de production des aliments qui se retrouvent dans leur assiette. À l’instar des données nutritionnelles obligatoires, elles permettent d’éclairer les décisions d’achat. La question des organismes génétiquement modifiés (OGM) dépasse le seul enjeu de l’étiquetage. Au Québec, plusieurs producteurs agricoles s’inquiètent de la contamination des OGM, tout particulièrement car ce phénomène compromet la certification biologique et l’intégrité de leurs productions. J’estime qu’il s’agit d’une question de libre-choix et que l’opportunité d’établir des zones agricoles sans OGM doit être abordée. Toute la question des OGM dépasse largement les frontières du Québec et du Canada. Les discussions à ce sujet doivent être abordées au niveau international et pour y prendre pleinement part, le Québec doit être un pays indépendant.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Je suis favorable à des règles claires en matière d’étiquetage des OGM afin d’assurer plus de transparence et d’information pour la population québécoise.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Le principe de précaution commande que les Québécois puissent connaître la provenance et l’origine des aliments qu’ils consomment. En matière d’étiquetage, il ne fait aucun doute que le système actuel est perfectible. Comme prochain chef du Parti Québécois, je souhaite tenir ce débat avec le monde agricole et bioalimentaire pour que nous dégagions les standards les plus élevés en cette matière en Amérique du Nord.
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Question 6
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre afin de favoriser la relève agricole?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Afin de permettre à la relève agricole d’acquérir une ferme, nos politiques devraient être bonifiées et mises à jour régulièrement :
Création d’un fonds d’investissement et de développement agricole québécois, visant à ralentir le phénomène d’accaparement des terres, mais aussi, à servir de levier afin d’aider la relève à s’y établir ;
Élaboration d’une politique d’établissement agricole favorisant le démarrage d’entreprise ;
Mise sur pied de mesures fiscales pour les acheteurs et les vendeurs ;
Offre de formation agricole toujours renouvelée.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : Un milieu agricole fort est vital pour la santé économique des Québécois et pour l’occupation de notre territoire. Lors du dernier mandat au gouvernement du Parti Québécois, nous avons bonifié l’aide financière à la relève. Je souhaite poursuivre ce travail d’appui aux aspirants agriculteurs en offrant un capital-patient pour l’acquisition de terres et la reprise de fermes. Au sujet de la financiarisation des terres agricoles, qui est un enjeu intimement lié à celui de la relève, je considère qu’au Québec, on ne veut pas devenir un peuple de locataires, on veut être des propriétaires. Il ne faut surtout pas que nos terres arables deviennent un outil de spéculation. C’est pourquoi je compte documenter le phénomène de la financiarisation des terres agricoles et en concertation avec le milieu, la contrer. Il s’agit de préserver et de pérenniser le modèle québécois d’agriculture familiale, mais aussi de créer les conditions d’un réel dynamisme rural. De plus, il existe des façons de faire ailleurs dans le monde pour protéger la propriété des terres agricoles et faire en sorte que la relève soit favorisée lorsque des terres deviennent disponibles sur le marché.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Le défi de la relève agricole figure tout en haut des enjeux soulevés par le milieu depuis plusieurs années. On le sait, acheter une ferme de nos jours peut être très coûteux, encore plus s’il faut racheter un quota de production. C’est sans parler de la difficulté pour certains d’obtenir le financement nécessaire à l’achat. Plusieurs jeunes désireux de se lancer dans la production agricole en démarrant une petite ferme, souvent pour des productions de niche, m’ont dit que les programmes n’étaient pas faits pour eux et demeuraient difficilement accessibles.
Évidemment, il y a aussi toutes les difficultés de transfert de fermes apparentées ou non. Il me semble que parmi les solutions qu’il nous faut envisager, la refonte des programmes de la Financière agricole est une voie obligée. Les programmes de la Financière devraient être remodelés pour aider les jeunes de la relève, non seulement pour racheter les fermes actuelles, mais aussi pour en lancer de nouvelles. Plus généralement en matière de développement économique, je propose également de bâtir une nation d’entrepreneurs au Québec. Pour ce faire, je prévois augmenter la formation en économie et en entrepreneuriat des jeunes Québécois, faciliter la vie à nos PME en réduisant le fardeau des exigences réglementaires, et faciliter les exportations de nos produits.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Je me suis engagé le 11 mars dernier à favoriser la pérennité des fermes du Québec au lieu de leur démantèlement par un meilleur accompagnement du transfert et à examiner la possibilité de limiter la propriété étrangère des terres agricoles. Il faut éviter l’accaparement complet des terres par des intérêts étrangers. Les règles en vigueur rendent plus avantageuse la vente de terres à l’extérieur de la famille qu’à sa propre relève familiale.
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Question 7
Si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre afin d’augmenter les achats institutionnels de produits du Québec malgré les accords de l’ALENA?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Lors de négociations d’ententes de libre-échange comme l’ALENA, nous pourrions nous affirmer et nous doter d’une véritable politique de souveraineté alimentaire qui nous donnerait les moyens d’augmenter l’achat institutionnel de produits québécois. Ceci constituerait un marché considérable pour commercialiser les produits.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : En mai 2013, le gouvernement du Parti Québécois a annoncé la mise en place d’une stratégie d’approvisionnement local propre aux établissements publics. Celle-ci passe notamment par un accompagnement des entreprises agroalimentaires et par l’accélération des travaux sur l’ajout de nouveaux critères dans les appels d’offres publics. En plus de continuer cette stratégie, je souhaite entamer un travail auprès des distributeurs et détaillants privés. Par exemple, dans le secteur de la grande distribution alimentaire, certaines enseignes exigent que leurs détaillants s’approvisionnent à 90% auprès de leur bannière, ce qui limite la liberté des détaillants de s’approvisionner en circuits courts auprès de producteurs locaux. Je m’engage à mettre en place des incitatifs afin que les grandes bannières laissent une plus grande flexibilité à leurs détaillants de favoriser les producteurs québécois et régionaux. De plus, la Société des alcools du Québec doit elle aussi participer à une plus grande présence des produits québécois et régionaux. Entre autres, il faut donner plus d’autonomie aux succursales afin qu’elles puissent conclurent des ententes avec les producteurs locaux pour distribuer leurs produits.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : Récemment, j’ai présenté avec le député Sylvain Gaudreault le document Projet Vert Québec visant à faire du Québec la première économie verte des Amériques en nous libérant de notre dépendance au pétrole. Dans ce plan d’action, je propose de créer une clause de développement durable dans le processus d’octroi des contrats gouvernementaux.
Actuellement, la règle du plus bas soumissionnaire et les accords de libre-échange empêchent trop souvent nos petites entreprises régionales de remporter les appels d’offre, même si elles se trouvent à proximité. Avec une clause de développement durable (ou écoresponsable) qui donne des points en fonction de l’empreinte écologique, l’achat de proximité, qui nécessite beaucoup moins de transport, sera favorisé. Les produits québécois pourront ainsi plus facilement se tailler une place au sein du réseau d’approvisionnement du gouvernement québécois qui dépense près de 30 milliards par année en incluant les réseaux de santé et d’éducation.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Lors du débat du Parti Québécois à Trois-Rivières, j’ai pris l’engagement de mettre en œuvre le concept de préférence québécoise, notamment dans les achats des institutions publiques du Québec tels que les hôpitaux et les écoles et de mettre en place la politique visant à encourager et favoriser la culture en serre. Il va de soi que les achats gouvernementaux constituent un puissant levier collectif dans le domaine alimentaire, mais également dans beaucoup d’autres aspects de la vie économique.
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Question 8
La forêt québécoise est une ressource, une richesse, une fierté), si vous êtes élu(e) chef du Parti québécois, quels engagements êtes-vous prêt(e) à prendre afin de «faire autrement» en matière de forêt?
{tab Pierre Céré}
Pierre Céré : Étant un fier Abitibien, je connais bien l’importance de nos ressources naturelles, notre forêt en est une ! Chez nous, au Québec, il y a la grande forêt publique et il y a les forêts privées, gérées par 130 000 individus. Ces forêts jouent un rôle important. En plus de ce qu’on y récolte, elles fournissent des bénéfices environnementaux comme des cours d’eau de qualité qui sont essentiels à la biodiversité. Je propose de donner plus de moyens au ministère des Ressources naturelles pour avoir un portrait à jour de nos forêts et un plan de gestion à long terme. De plus, comme avec toutes nos ressources naturelles, mettre sur pied des programmes de transformation régionale de ces produits sera ma priorité.
{tab Martine Ouellet}
Martine Ouellet : La forêt, comme l’agriculture, représente un élément-clé du développement des régions. Pour plusieurs communautés du Québec, elle est la base même de la vie économique et sociale. Lorsque j’étais ministre des Ressources naturelles, j’ai piloté le premier Rendez-vous national de la forêt québécoise, qui a réuni plus de 250 parties prenantes de la filière bois à Saint-Félicien. L’objectif était de dégager une vision consensuelle de l’avenir de la filière et de convenir des actions à mettre en œuvre pour y parvenir. Ce Rendez-vous de réflexion, unanimement salué, a débouché sur la mise en place de trois chantiers de travail d’importance, animés par des intervenants reconnus du secteur forestier. En avril 2013, j’ai également lancé la Charte du bois, qui vise à maximiser l’utilisation de ce matériau noble dans la construction au Québec. Comme chef du Parti Québécois puis comme première ministre, je souhaite poursuivre ce travail de transformation de l’industrie en moteur d’une nouvelle économie verte, notamment en appuyant les entreprises forestières innovantes qui misent sur des produits à forte valeur ajoutée.
{tab Bernard Drainville}
Bernard Drainville : De mon point de vue, une des voies d’avenir dans le secteur de la forêt consiste à miser sur les nouvelles technologies comme la nanocellulose, une fibre particulière du bois présentant de nombreux avantages pour améliorer les produits existants. L’utilisation accrue de ce produit permet actuellement de consolider et de développer de nouveaux emplois. Nous devons également continuer d’aller de l’avant avec la Charte du bois adopté sous le dernier gouvernement du Parti Québécois.
{tab Pierre-Karl Péladeau}
Pierre-Karl Péladeau : Le gouvernement fédéral a mis de l’argent – des milliards – dans secteurs stratégiques comme l’automobile et le pétrole. Pendant ce temps, des grenailles dans l’industrie forestière. C’est une situation qui a fait mal à l’industrie. Plutôt que de couper comme le font les libéraux actuellement, il faut investir dans la recherche et développement notamment dans les industries traditionnelles telles que l’industrie forestière.
Je me suis engagé plus tôt dans cette campagne à :
– Appuyer des entreprises qui investissent en recherche et développement
Je pense au concept de « chimie verte », ce qui sera bénéfique pour la l’industrie forestière au Québec. En créant et en localisant des entreprises de recherche et développement à proximité de la ressource nous pourrions développer de nouveaux secteurs d’activités industrielles à partir notamment de la fibre de bois : nouveaux tissus, colles, solvants, peintures et d’autres sous-produits.
J’aime bien citer en exemple FPinnovation. Fondé sur le principe de la recherche collaborative, ce modèle combine des alliances stratégiques de recherche à des ententes de licences et de coentreprises sans perdre de vue les besoins de nos membres et clients. Nous allons au-delà de la R-D traditionnelle pour adopter une orientation axée sur le marché qui intègre le système BAAC (besoins, approche, avantages, concurrence), conçu par la firme SRI International et adapté aux caractéristiques particulières de l’industrie forestière et de l’économie canadienne.
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