Repenser l’agriculture
C’est sur fond de crise porcine et dans un contexte de perte de démocratie pour les agriculteurs et les citoyens que le deuxième syndicat agricole du Québec a pu germer.
En 1999, le collectif, Sauvons les campagnes, convoqua un colloque national intitulé, Repenser l’agriculture « afin d’élaborer une alternative positive à l’agriculture prônée par l’UPA. » La présence à ce colloque de 35 dirigeants de l’UPA, dont Laurent Pellerin venu plus pour étouffer la rébellion qu’écouter, a fait apparaître clairement la nécessité d’une alternative syndicale.
C’est en décembre 2001 que l’Union paysanne lors de son congrès de Fondation adopta sa déclaration de principe. Elle est constituée en tant qu’association agricole et citoyenne qui intercèdent auprès des autorités, des médias et dans l’opinion publique pour défendre les intérêts de la paysannerie. Ses membres sont agriculteurs mais elle donne également une place aux citoyens soucieux de s’impliquer auprès de la paysannerie.
L’effet Union paysanne
L’Union paysanne a toujours prôné des solutions qui concilient à la fois les préoccupations des fermiers qui veulent vivre décemment et avec dignité de leur métier et celles des citoyens soucieux de leur alimentation et de leur environnement. Ainsi, alors que pendant des décennies, le débat agricole s’est surtout déroulé en huis clos, avec un discours unique provenant exclusivement de l’UPA, les médias, les citoyens et les élus ont maintenant accès à une opinion différente.
À ses débuts son action a permis l’obtention d’un moratoire sur une production porcine totalement désordonnée qui a fait des torts autant à la ruralité qu’aux agriculteurs entraînés dans cette spirale.
Deux ans plus tard son travail acharné a forcé la ministre de l’agriculture de l’époque, Françoise Gauthier, à déclencher une enquête dans le secteur du sirop d’érable. Une crise sévissait en raison des tentatives répétées de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ-UPA) d’imposer un plan conjoint contrôlant et lourd sur le dos des acériculteurs. Le rapport Bolduc qui en suivit donna raison à l’Union paysanne, mais le rapport ne fût pas appliqué. Le fonctionnaire Normand Bolduc fût forcé de démissionner et les membres acériculteurs de l’Union paysanne furent poursuivis par la FPAQ pour les forcer à rentrer dans les rangs.
Son plus important fait d’armes est l’obtention de La Commission sur l’Avenir de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Québec (CAAAQ).
Après deux ans d’un incessant lobby avec des partenaires de partout, le gouvernement Charest se rangea aux arguments de l’Union paysanne et déclencha la plus importante commission agricole de l’histoire du Québec.
L’agriculture, littéralement sclérosé, n’avait pas eu la chance d’un tel rendez-vous depuis plus de 40 ans. Après 1 an de travaux, cette commission a rendu un volumineux rapport en février 2008 connu comme le rapport Pronovost qui a donné raison à l’Union paysanne en reprenant pratiquement tous ses constats et ses recommandations afin de sortir durablement l’agriculture de son impasse actuelle, dont la fin du monopole de l’UPA.
Le poids moral de ce rapport, en raison de sa qualité, permet de dire qu’il y a un avant et un après rapport Pronovost. Il permit à l’Union paysanne d’accéder au rang des joueurs incontournable de l’agriculture québécoise. On doit aussi à l’Union paysanne d’avoir fait apparaitre au Québec les questions de souveraineté alimentaire, d’agroécologie, et tant d’autres sujets proches des agriculteurs.
Son apport quotidien se fait sentir tous les jours, car l’Union paysanne a acquis dans l’opinion publique un statut informel de critique agricole, sans basculer dans le discours environnementaliste. Son mélange unique d’agriculteurs et de citoyens permet des débats en profondeurs. Le deuxième syndicat agricole existe. L’UPA à déjà perdu son monopole et il ne reste au gouvernement qu’a terminé le travail. Pour le reste…notre histoire s’écrit en ce moment.