Depuis environ une quarantaine d’années, le Québec a mis en place une série de plans de contrôle de la production agricole et forestière, appelés plans conjoints, dans le but de stabiliser les prix et les conditions des producteurs. Dans le tumulte des négociations internationales de libre-échange, l’UPA tente de sauver ce modèle et recrute tous les appuis possibles.
Avec Via Campesina, l’organisation paysanne internationale, l’Union paysanne considère que le principe de la gestion de l’offre des produits agricoles a beaucoup de bon, mais qu’il faut en revoir l’application en profondeur. Laisser évoluer les prix des quotas comme des valeurs boursières spéculatives sont des entraves majeures pour toute forme de relève qui ne peut pas financer un permis pour une vache à 27 000$.
En outre, les plans conjoints qui centralisent toute la production dans un secteur donné avec des prix standardisés freinent toute production à valeur améliorée, de terroir. La mise en marché directe ou locale n’a aucune chance de se développer dans un tel contexte.
Une gestion de l’offre ne doit pas non plus être gérée en situation de monopole par un syndicat unique et obligatoire elle doit se faire de façon concertée avec les acteurs du milieu. Pas surprenant si, depuis l’implantation des quotas dans les secteurs de la volaille, des œufs et du lait, 80% de ces fermes ont disparu.
Pour l’Union paysanne, la gestion de l’offre, au lieu de protéger les intérêts d’une minorité de plus en plus réduite d’individus et de corporations, devrait être modifiée et élargie de façon à répondre à des objectifs comme :
• Nourrir la population du Québec en quantité et en qualité.
• Protéger les ressources nécessaires à la production agricole.
• Occuper le territoire rural
• Augmenter le nombre de ferme.
Par exemple, pourquoi ne pas accorder en priorité du quota à de la relève, gratuitement? Ou à des producteurs biologiques? Ou à des régions en train de perdre leur population? Pourquoi ne pas modifier les quotas pour permettre une mise en marché à la ferme ou diversifiée? Comment modifier les plans conjoints pour permettre la revalorisation de la qualité ou des circuits courts de mise en marché?
L’Union paysanne considère qu’il est grand temps de tenir un vaste débat sur la gestion de l’offre, un débat élargi, avec d’autres intervenants qu’uniquement l’UPA qui trône en situation conflictuelle d’intérêts. Si la gestion de l’offre est abandonnée à ce seul syndicat monopolistique, il y a fort à parier que tôt ou tard, à l’instar de la Nouvelle-Zélande, le Québec décidera de l’abolir purement et simplement, sous les pressions internes et externes sinon découragé des performances de ce modèle pourtant prometteur. Une bonne raison de tenir des Etats généraux sur l’agriculture, comme le souhaite l’Union paysanne.
Maxime Laplante, agr
Président de l’Union paysanne
Benoît Girouard, secrétaire général