Montréal, 27 juillet – Du 16 au 24 juillet dernier, l’Union paysanne participait à la 7ème Conférence internationale de La Via Campesina, qui réunissait au Pays Basque (Euskal Herria) plusieurs centaines de paysannes et paysans du monde entier. La Via Campesina est un mouvement social mondial qui rassemble plus de 160 organisations. L’Union paysanne s’enorgueillit de participer à cette mobilisation au-delà des frontières, joignant sa voix à cet appel global en faveur de la souveraineté alimentaire.
Charles Bois, jeune paysan québécois, s’est rendu au pays basque à titre de délégué officiel de l’Union paysanne. « On était environ 500 délégués de toute provenance, 500 à s’écouter, se comprendre, à partager les mêmes luttes autour des mêmes valeurs. C’était un exemple que les différences importent peu; une micro-société culturellement riche, peut former un tout. », racontait ce matin M. Bois à son retour au Québec. L’union paysanne est plus convaincue que jamais de la pertinence de prendre part à un tel mouvement global; ses valeurs y trouvent une résonnance certaine, et les partages de solidarités motivent et inspirent nos membres. C’est aussi l’occasion de comprendre les enjeux de la paysannerie québécoise au regard des enjeux similaires que vivent les paysan-ne-s du monde entier, et de percevoir leur caractère systémique.
L’union paysanne joint aujourd’hui sa voix à la Déclaration de Euskal Herria Nous nourrissons nos peuples et construisons le mouvement pour changer le monde, qui fut élaborée en concertation durant le grand rassemblement des derniers jours au pays basque. Ce texte rappelle que les paysans du monde entier sont confrontés à de multiples injustices, périls et défis ; les politiques et lois favorisent l’agro-industrie au détriment de la paysannerie, les traités de libre-échange, les OGM et la privatisation des biens communs éloignent les peuples d’une souveraineté alimentaire et d’une possibilité d’alimentation saine et de justice sociale. Les militant-e-s paysans font aussi face à une criminalisation croissante alors qu’ils tentent de défendre leurs droits et leurs territoires, rappelle Elizabeth Mpofu, paysanne du Zimbabwe et coordonnatrice générale de La Via Campesina.
La conférence au pays basque fut aussi l’occasion de poursuivre les travaux sur le projet de Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans, initié par La Via Campesina et pour lequel l’Union paysanne manifeste son soutien depuis plusieurs mois déjà. La déclaration actuellement en négociation au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, reconnaitra et protégera les droits les paysan-ne-s et peuples ruraux du monde entier : l’Union paysanne continuera d’insister pour que le gouvernement canadien adopte une posture favorable envers cet instrument de droit international, en la signant et la ratifiant le moment venu.
Les paysan-ne-s du monde entier poursuivent leurs luttes. Comme le souligne la Déclaration de Euskal Herria, « nous continuons de faire ce que nous faisons depuis des millénaires grâce à notre agriculture paysanne et autochtone : produire de la nourriture saine pour nos familles, nos communautés et nos peuples ».
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Déclaration de Euskal Herria
Nous nourrissons nos peuples et construisons le mouvement pour changer le monde
Derio, Pays basque, 23 juillet 2017
Nous, délégué-e-s de La Vía Campesina, représentant nos organisations et mouvements, sommes rassemblé-e-s au Pays-Basque à l’occasion de notre 7e Conférence Internationale du 16 au 24 juillet 2017. Euskal Herria est une terre de solidarité, de lutte et de résistance, une terre qui a sa propre langue et où demeure une forte tradition de bonne nourriture, produite par des paysan-ne-s et des pécheur-se-s locaux-les. Nous, paysan-ne-s, travailleurs-se-s ruraux-les, peuples sans terre, peuples autochtones, éleveur-se-s, pêcheur-se-s artisanaux-les, femmes du monde rural et toutes les autres populations qui travaillent à la campagne dans monde, déclarons que nous nourrissons nos peuples et construisons un mouvement pour changer le monde.
L’avènement du capitalisme financier a donné lieu à un accaparement effréné de notre eau, de nos semences, de notre terre et de nos territoires. Des technologies dangereuses, aux conséquences parfois irréversibles, on été promues comme par exemple les OGM, la production animale confinée à grande échelle et la biologie de synthèse. Le capital spéculatif entraine un remplacement accéléré de l’économie réelle et productive par l’économie financière. Les méga-fusions amènent à une concentration de plus en plus importante du pouvoir sur les systèmes alimentaires. Une nouvelle forme de néo-libéralisme, couplée à des discours haineux, utilise les problèmes créées par la concentration des richesses pour diviser nos peuples et provoquer des conflits ethniques, religieux et migratoires. Nous faisons face à une vague de violations des droits humains dans le monde : nos camarades sont assassiné-e-s, incarcéré-e-s, torturé-e-s et menacé-e-s.