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Travailleurs étrangers : Et si on changeait notre modèle agricole?

Ste-Croix, 19 mars 2020 – Alors que les frontières se ferment partout dans le monde, l’inquiétude grandit quant à la possibilité pour les fermes québécoises de faire venir de la main-d’œuvre étrangère. Ce fut la panique, particulièrement pour certains-nes producteurs-trices maraîchers-ères, qui dépendent grandement de cette main-d’oeuvre abondante et «bon marché».

Nous voyons bien à quel point notre système alimentaire dépend d’une économie mondialisée sur laquelle nous n’avons aucun contrôle et qui fragilise notre sécurité alimentaire. Ce sont 16 000 travailleurs-euses qui viennent, à tous les ans, travailler sur les fermes du Québec, principalement des gens du Mexique et du Guatemala.

L’UPA et nos gouvernements se sont positionnés en sauveurs hier en annonçant la venue de travailleurs étrangers et ce, même s’il faut aller jusqu’à noliser des avions pour aller les chercher. Or, ce contournement des règles de confinement ne se fera pas sans brimer, encore plus, les droits des travailleurs-euse étrangers-ères en leur imposant un protocole sanitaire strict, qui renforcera encore plus leur dépendance envers leur employeur-e. En effet, ce protocole stipule que ces personnes seront mises en quarantaine dès leur arrivée au Canada et que leurs déplacements seront limités au maximum pendant toute la saison. Limités par qui?

Rappelons que les personnes bénéficiant du programme pour les travailleurs étrangers temporaires (TET) sont forts dépendants de leur employeur-e et vivent souvent dans des conditions difficiles. En dépit du fait qu’ils doivent payer impôts et taxes comme le reste de la population québécoise, une foule de services leurs sont refusés ou lourdement entravés, comme l’assurance-emploi, l’aide juridique, l’aide sociale, le régime d’assurance parentale, etc.

L’Union paysanne dénonce les conséquences de la production alimentaire industrialisée et mondialisée: on produit pour l’étranger, on consomme de l’étranger et on fait venir des travailleurs-euses de l’étranger. Alors que la production à plus petite échelle a fait ses preuves de rendement et nourrit actuellement 70% de la population mondiale, le Québec continue de s’enfoncer dans une dépendance aux marchés mondiaux, ce qui compromet sérieusement la souveraineté alimentaire de nos communautés.