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Le rapport de Michel St-Pierre? En ligne directe avec le rapport Pronovost

«Si le rapport Pronovost proposait de redonner de l’oxygène à l’agriculture, le rapport de Michel St-Pierre propose ni plus ni moins que d’apprendre à respirer à l’air libre», souligne Benoit Girouard, président de l’Union paysanne.

Après lecture du rapport, l’Union paysanne est heureuse de dire que le sous-ministre nous propose un rapport solide appuyé sur une analyse rigoureuse et en ligne direct avec le rapport Pronovost.  

 

doc Le mandataire savait visiblement qu’il serait attendu de pied ferme et amorce son rapport par une analyse plus large de l’économie agricole. En bon professeur, Michel St-Pierre dévoile une série de statistiques variées provenant des sources les plus fiables : OCDE, Financière agricole, USDA et Statistique Canada qui pointent tous dans la même direction. Le résultat est flagrant : une large partie de notre agriculture est sous le respirateur artificiel de l’Assurance Stabilisation du Revenu Agricole (ASRA).

Mais l’élément à notre avis le plus brutal est le niveau d’endettement des fermes du Québec à un peu plus de 30%,  ce qui est près du double de la moyenne canadienne et du triple de la moyenne américaine. Ce calcul comprend la valeur des quotas québécois, mais, en les excluant, ce taux d’endettement passe à 46,8%1. Sachant que la valeur des quotas est spéculative, nous pouvons affirmer que notre agriculture est réellement sur la corde raide.

       
Heureusement, les propositions de Michel St-Pierre sont responsables et prennent en compte cette fragilité. La proposition de transformation de l’ASRA sur 6 ans vers un tout nouveau programme d’autogestion des risques agricoles (PARA) est une suite logique du rapport Pronovost axé sur le revenu global de la ferme. « Le PARA, c’est le passage d’une culture de volume à une culture de la ferme comme un ensemble», a ajouté Frédéric Sauriol, secrétaire général du syndicat agricole paysan.

Ajoutons que le rapport St-Pierre a bien saisi la précarité des fermes du Québec en leur proposant dans le temps de transition une formule de diagnostic et d’accompagnement des fermes financée en quasi-totalité par l’état. Cette stratégie d’intervention en 3 volets vise l’amélioration de la diversité et de l’efficacité des fermes.

L’élément final le plus réjouissant vient de la proposition de contrat d’agriculture multifonctionnelle (CAM) qui reprend assez fidèlement la vision de l’Union paysanne exprimée dans son Contrat vert2 et depuis ses débuts. Une telle mesure serait accessible à l’ensemble des petits agriculteurs qui représentent 54% des fermes du Québec (100 000$ de revenu bruts et moins). « Ce sont précisément les fermes que l’Union paysanne représente et pour qui elle travaille depuis sa fondation» a souligné Anne Mareschal, ayant une ferme diversifiée en production animale.

Ces petites fermes, pour la plupart, ont rarement vu l’ombre d’un sou du gouvernement tout en produisant une agriculture de haute valeur économique, environnementale et sociale. Ce contrat du rapport St-Pierre viendrait apporter aux petites fermes sur une période minimale de 3 ans une aide annuelle pouvant atteindre 10 000$, pouvant être portée à 15 000$ pour une entreprise certifiée biologique. Cette aide prend la forme d’un contrat de services pour les contributions environnementales et sociales de la ferme.

Pour ceux qui, comme Michel Morisset, Luc Roy et Daniel-Mercier Gouin, trouvent que les petites fermes ne contribuent pas assez à la recette agricole globale, l’Union paysanne répond que ce n’est pas par manque de volonté de le faire mais bien par absence de soutien financier ainsi que de reconnaissance de la part de l’État et de l’UPA. «Je suis bien prêt à quadrupler ma production de lapin avec le soutien d’un tel programme» a ajouté Benoit Girouard, président de l’Union paysanne et faisant partie de la relève agricole.

En terminant, nous ne pouvons passer sous silence la réaction virulente de l’UPA contre Michel St-Pierre et son rapport. Cette organisation a eu exactement la même réaction au rapport Pronovost, s’isolant ainsi du reste de l’agroalimentaire québécois. Malheureusement, l’UPA souhaite faire perdurer une relation d’employé-employeur avec l’État, niant aux agriculteurs les qualités entrepreneuriales qu’ils possèdent. Nous refusons une fois de plus que ce monopole nous fasse passer, nous les agriculteurs, pour des assistés sociaux. L’UPA refuse même de reconnaître le problème de l’endettement des fermes et son président banalise la chose en affirmant qu’il s’agit au contraire d’un « signe de vitalité » dans un article du journal le Soleil de dimanche.

Après les dénonciations de l’Union paysanne, après le rapport Pronovost, après le rapport St-Pierre, que faudra-t’il encore à l’UPA pour qu’elle se réveille? La disparition pure et simple de l’agriculture? Parions qu’elle s’opposera également au rapport prochain de Bernard Ouimet sur le territoire agricole.

Le rapport St-Pierre est une des bonnes choses arrivées à l’agriculture de chez nous, une bouffée d’air frais, une perspective d’avenir. L’Union paysanne recommandera au Ministre de l’agriculture de l’appliquer dans les temps fixés par le mandataire car le temps presse. Notre organisation sera également en première ligne afin de faire échec au comité bipartite de l’UPA qui tentera de saborder les travaux de Michel St-Pierre et par le fait même le rapport Pronovost.

Benoit Girouard
Président Union paysanne
450-495-1910

Frédéric Sauriol
Secrétaire Général
450-562-0104


1 : Le financement de l’agriculture québécoise et de la (petite) transformation agroalimentaire, Jean Pierre Lachapelle, commission Pronovost, décembre 2007.

2 : Contrat vert : https://www.unionpaysanne.com/images/stories/Doc/le_contrat_vert.pdf

3 : Délivrez-moi de mon tracteur, Annie Morin, http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/affaires/agro-alimentaire/200903/28/01-841281-delivrez-moi-de-mon-tracteur.php

Union Paysanne

Force collective organisée et représentative regroupant ceux et celles en faveur d’une agriculture et d’une alimentation paysannes. Nous voulons pratiquer une agriculture à échelle humaine, viable à long terme, respectueuse de l'environnement, axée sur la souveraineté alimentaire et l’occupation du territoire.

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