La crise du revenu des agriculteurs

L’Union paysanne conteste l’analyse de l’UPA

Sous la pression de ses membres, l’UPA tient un congrès spécial pour chercher des solutions à la chute dramatique du revenu net des agriculteurs et à la disparition des fermes familiales. Entre 1995 et 2000, seules les fermes ayant des revenus bruts de 250,000.00$ et plus ont vu leur nombre s’accroître, et au cours des 20 dernières années, le nombre de ferme a diminué au Québec de 33%, comparativement à 22% au Canada.

 

L’UPA est la première responsable de la crise

Nul ne peut contester les faits : les prix que les agriculteurs obtiennent pour leurs produits ne leur permettent plus de couvrir leurs coûts de production et la concentration des fermes sous contrôle de grandes industries de production, d’intrants, de transformation et de distribution est rapide. Le Québec est en train de perdre le contrôle de son agriculture

Pour l’UPA, les responsables sont les intermédiaires qui s’accaparent l’argent et la solution réside dans des prix plancher et une aide supplémentaire du gouvernement.

Si l’Union paysanne partage le constat, elle ne partage pas cette analyse des causes ni les solutions proposées. L’UPA, selon l’Union paysanne, doit assumer une grande part de responsabilité dans cet échec, qui est le résultat de ses propres choix, et les solutions sont dans la remise en question des politiques agricoles qu’elle a imposé au Gouvernement et aux agriculteurs.

M. Pellerin, il n’y a pas si longtemps, se vantait sur toutes les tribunes que l’UPA avait permis d’offrir aux Québécois le panier de provisions le moins cher en Amérique du nord, mais il aurait dû savoir que l’agriculteur qui fournit le panier le moins cher en Amérique du nord risque fort d’être aussi l’agriculteur le moins bien payé d’Amérique du nord.

L’échec de la conquête des marchés

M. Pellerin a applaudi à deux mains lors du sommet des décideurs agroalimentaires de St-Hyacinthe en 1998 (on l’a tous vu dans le film Bacon), lorsqu’on a décidé de doubler les exportations et de lancer notre agriculture vers l’exportation au détriment de la souveraineté alimentaire et de la consolidation de nos réseaux de mise en marché intérieurs locaux et régionaux. Mais M. Pellerin aurait dû savoir qu’il allait ainsi fragiliser nos agriculteurs et les condamner à subir des prix à la baisse sous la pression des marchés mondiaux. Il avoue d’ailleurs maintenant que l’exportation n’a rien rapporté aux agriculteurs. Il demande où va l’argent? La réponse est simple : aux firmes agroalimentaires qui contrôlent la production et le commerce mondial.

Le financement agricole au volume de production

En dictant les règles des assurances agricoles, de la Financière agricole, de la commission de protection du territoire agricole, l’UPA aurait dû savoir qu’en subventionnant les volumes de production sans plafond et en exigeant 100 hectares de terre et des volumes industriels de production pour avoir accès aux programmes agricoles, elle condamnait à l’avance les fermes familiale et la relève agricole à ne pouvoir faire face à la compétition.

L’utilisation irresponsable de la gestion de l’offre

Enfin et surtout, en utilisant la gestion de l’offre de la façon qu’elle le fait présentement, l’UPA devrait savoir qu’elle la rend inapte à garantir aux fermes familiales des prix qui couvrent leurs coùts de production. En ne posant aucune limite au prix des quotas en marché libre ($30,000 pour une vache, $125 pour une poule), en multipliant les prélevés et les pénalités aux agriculteurs privés de toute marge de manœuvre dans leur mise en marché (plus de 400 millions par année), l’UPA, en plus de fermer la porte à la mise en marché locale ou à la ferme, fait grimper abusivement les coûts de production et oblige les fermes familiales et la relève à démissionner, car les prix ne peuvent suivre sans risquer de compromettre la rentabilité des transformateurs soumis aux marchés mondiaux. L’administration des plans conjoints par un syndicat unique, sans véritable contrôle gouvernemental, sans compte à rendre à personne, est devenue un formidable empire lucratif pour l’UPA sur le dos des agriculteurs. S’il est plus que jamais souhaitable que les agriculteurs s’unissent pour obtenir des prix justes pour leurs produits et s’assurent d’un contrôle de l’offre pour y parvenir, il serait odieux d’imposer aux gouvernements et aux autres pays de défendre la gestion de l’offre telle qu’utilisée par un syndicat unique et tout-puissant comme l’UPA.

La solution n’est pas dans l’argent mais dans le changement des politiques.

Pendant ce temps, l’agriculture biologique et des centaines de petits producteurs font la preuve, même en l’absence d’un soutien public auquel ils auraient droit, qu’il est possible de vivre et de créer des emplois avec quelques hectares de terre et quelques mille dollars d’investissement.

L’Union paysanne considère que la solution à la crise du revenu des agriculteurs n’est pas dans de l’argent public supplémentaire, mais dans des politiques agricoles qui réorientent notre agriculture vers nos marchés intérieurs et restructure le financement agricole et la gestion de l’offre de façon à prioriser la ferme familiale, la mise en marché locale et des pratiques agricoles durables, et à rémunérer la multifonctionnalité de l’agriculture. L’Union paysanne estime que, de façon générale, il appartient au syndicat de négocier des conventions de mise en marché et de favoriser les coopératives de mise en marché, non de contrôler la mise en marché ni de se substituer à l’industrie et au Gouvernement.

Information : Roméo Bouchard, 418-492-7692 / 418-860-8560
Maxime Laplante, 418-926-2473
Benoit Girouard, 450-475-1119

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