Québec, 6 mars 2018 – Plusieurs chercheurs et employés du CEROM (Centre de recherche sur les grains) ont claqué la porte en raison du contrôle des résultats de leurs recherches sur les céréales par l’industrie privée. En effet, le CEROM, financé à 68% par de l’argent public, est dirigé majoritairement par des personnes de l’industrie privée, qu’il s’agisse d’entreprises commercialisant des pesticides (Coop fédérée, Synagri) ou de l’UPA. Le gouvernement n’y a aucun droit de vote. Alors que les études menées par le CEROM et la MAPAQ concluent que l’utilisation des néonicotinoïdes ne se justifie généralement pas, les dirigeants de l’organisme ont occulté ces informations.
Selon Maxime Laplante, de l’Union paysanne, « cette situation de conflit d’intérêt est malheureusement chose courante en agriculture au Québec. C’est ce que les européens appellent la cogestion ». Qu’il s’agisse de la Financière agricole qui, jusqu’à récemment, était présidée par le président de l’UPA, contrôlant plusieurs centaines de millions d’argent public, ou du défunt organisme CDAQ (Conseil pour le Développement de l’Agriculture au Québec), exclusivement sous la coupe des dirigeants de l’UPA, la question de la gouvernance est cruciale.
Le récent rapport du groupe CIRANO de l’Université Laval, portant sur le hors-quota et sur les circuits courts de mise en marché agricole, souligne la situation de conflit d’intérêt dans les plans conjoints agricoles, où ce sont les détenteurs actuels de quota qui décident si de la relève mériterait d’obtenir aussi du quota et à quelles conditions.
L’Union paysanne souhaite rappeler l’importance d’avoir des instances démocratiques, indépendantes et transparentes. Qu’un centre de recherche scientifique financé par des fonds publics soit littéralement censuré par ses administrateurs-trices, issuEs du lobby de l’industrie, est une insulte à notre intelligence collective. L’indépendance des études scientifiques et de leur publication est primordiale dans une société qui aspire à une saine démocratie.
L’Union paysanne salue le courage des gens qui ont dénoncé la situation en renonçant parfois à leur emploi. À court terme, il est urgent de revoir la composition des conseils d’administration des organismes dépendant de financement public. À l’aube des élections, nous tendons la main à tous les acteurs en agriculture et à la population québécoise en général afin d’entamer une discussion sur le Québec alimentaire de demain. Les politiques agricoles mises en place par notre gouvernement devraient faire l’enjeu de débats publics et avoir le bien commun et la préservation de l’environnement en priorité au lieu de se soumettre aux lobbys industriels.
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Maxime Laplante, agr
Président de l’Union paysanne 581-888-0941