Par: Gabriel Leblanc, paysan à la Ferme de la Dérive et Philippe Saint-Hilaire-Gravel, apiculteur chez Miels & Forêts SENC
La pandémie met en évidence de nombreuses failles de l’actuel système économique. Un intérêt marqué pour l’agriculture locale, basé sur l’idée d’une production et d’une consommation d’aliments de proximité, gagne en popularité. La petite agriculture, celle qu’on qualifiait d’utopie il y a à peine 15 ans, est maintenant vue comme solution aux crises anticipées (environnementales, sociales et épidémiologiques). Dans ce contexte, l’agriculture industrielle, qui perpétue les logiques néfastes de la destruction environnementale, de la dépendance aux entreprises puissantes, du commerce international, de la dévitalisation des régions, etc. doit être reconsidérée. Nous croyons qu’il est temps d’agir en proposant une mesure d’égalité sociale et d’atténuation des risques pour le secteur agricole. Cette mesure, le revenu de base, comporte de nombreux avantages.
Comment s’y prendre? Une proposition pour l’égalité.
En tant que militants pour les souverainetés alimentaires, nous jugeons qu’il est temps de sérieusement réfléchir à l’institution d’un revenu universel de base en agriculture. La fonction de l’agriculture dépasse largement les besoins marchands. Elle assure d’abord l’assouvissement d’un besoin fondamental, celui de manger. Elle est le moteur quotidien de notre évolution, de notre capacité individuelle et collective à subvenir aux besoins de base. Il faudrait minimalement le reconnaître.
Un revenu universel de base en agriculture permet de :
- réduire la vulnérabilité des agriculteur.trices face à la volatilité des prix;
- réduire la vulnérabilité des agriculteur.trices face aux aléas climatiques : les sécheresses observées ces dernières années créent un stress immense parmi la paysannerie;
- améliorer le pouvoir de négociation des agriculteur.trices face aux grossistes et transformateurs qui, bien souvent, contrôlent les secteurs agricoles;
- encourager le développement du rôle de l’agriculture au-delà de ses activités commerciales, en favorisant ses aspects plus sociaux comme la vente directe, la présence sur les marchés locaux, la création coopérative de marchés fermiers;
- encourager le développement des fermes à petite échelle, plus durables et résilientes que la grosse ferme;
- reconnaître le rôle social d’une agriculture plurielle et locale dans la vitalité et le développement des régions;
- assurer la pérennité des structures agricoles non orientées vers les marchés, comme les activités de glanage des surplus, de jardinage communautaire et les projets citoyens en agriculture.
Le 9 mars 2021, de 19h à 21h, l’Union paysanne vous propose un panel interactif virtuel afin de réfléchir à la question. Plusieurs intervenant.es seront sur place afin de proposer des pistes de réflexion et de définir certains concepts. Selon l’intérêt manifesté, l’objectif serait de créer une proposition issue de la base et qui pourrait ensuite être adoptée lors de l’assemblée générale annuelle du 13 mars.
Vers une paysannerie forte et résiliente!