Communiqué de la Via Campesina
(Harare, 8 mars 2016) Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des femmes, La Via Campesina appelle à agir contre la violence capitaliste dans le monde entier ; cette violence, en plus de s’exercer contre les femmes, s’inscrit plus largement dans un contexte social d’exploitation et de spoliation, où les femmes paysannes, autochtones, noires, sans terre ou salariées agricoles ont toujours été opprimées et lésées dans leurs droits légitimes.
La Via Campesina souligne l’importance de l’organisation et de la lutte qui constituent un espace de libération et de prise de conscience, qui garantit la participation politique des femmes en tant que sujets historiques, afin de construire une société juste où l’ethnie, le genre ou l’orientation sexuelle n’ont pas d’importance.
Le mouvement paysan international est vivement préoccupé de voir que l’oppression exercée contre les femmes par le capital et le patriarcat augmente dans le monde entier, avec la progression des politiques conservatrices qui portent atteinte à la vie et aux droits des femmes.
En Turquie, où nous venons d’organiser notre Assemblée intermédiaire des femmes de La Via Campesina, nous avons constaté que les politiques deviennent de plus en plus néolibérales et conservatrices, ce qui aggrave la situation des femmes dans ce pays. Les femmes continuent d’être privées de la liberté la plus essentielle et de leurs droits fondamentaux, et sont victimes de violences et de féminicides. Dans cette région de la planète, les féminicides ont augmenté de façon dramatique ces dernières années. Les filles sont obligées de se marier très jeunes. De plus, dans la sphère économique, ce sont les femmes qui occupent la majorité des emplois précaires. Les femmes assurent de nombreuses tâches dans les zones rurales, toutefois, elles n’ont pas de liberté économique, ni accès à la propriété, et encore moins de droits sociaux.
Dans le sud-est de la Turquie, les problèmes rencontrés par les femmes empirent du fait de la situation de guerre, et des menaces concrètes pèsent sur leurs vies. La situation politique en Turquie n’offre actuellement aucune solution aux problèmes auxquels les femmes sont confrontées. En fait, les politiques actuelles accentuent les problèmes et la discrimination à l’encontre des femmes. C’est pourquoi les femmes s’organisent et sont aujourd’hui à la tête de nombreuses luttes écologiques, sociales et politiques.
Par ailleurs, nous avons appris avec une immense douleur l’assassinat de Berta Cáceres, chef de file paysanne du peuple autochtone lenca, qui était membre du Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), et qui s’était opposée à de nombreuses reprises aux actions et intentions néfastes du gouvernement du Honduras, qui accorde à des sociétés transnationales étrangères des concessions sur les ressources naturelles pour construire des barrages et s’emparer des ressources des peuples autochtones.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous, les femmes et les hommes de La Via Campesina, face à cette situation de criminalisation, nous appelons en cette journée du 8 mars à la mobilisation et à l’organisation contre tout type d’oppression, en descendant dans les rues et sur les places de nos villes, villages et territoires pour dénoncer le modèle destructeur du capital et de l’agribusiness, en montrant comment ceux-ci portent atteinte à la vie des femmes, ce qui, en touchant directement les femmes paysannes, met en danger la souveraineté alimentaire des peuples. Nous continuerons de lutter pour de nouvelles relations entre les femmes et les hommes au sein de notre mouvement, ainsi que de promouvoir un modèle de société fondé sur la justice et l’égalité.
Berta toujours parmi nous ! Plus que jamais, la lutte continue !
Globalisons la lutte, globalisons l’espoir !
Longue vie à notre la solidarité avec les femmes turques !
Consultez également :
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Vidéo : Femmes paysannes, semeuses de luttes et d’espoirs !
Cartes postales : Stop à la violence faite aux femmes