Le 18 avril 2015, nous fêtions le 75e anniversaire de l’obtention du droit de vote des femmes dans un Québec qui se perçoit aujourd’hui comme une société moderne, plurielle et surtout plus juste. Pourtant, le Québec traîne une grande injustice qui n’a toujours pas été corrigée et c’est celle qui touche les agriculteurs et agricultrices québécois.
En 1971, une accréditation unique fût donnée à l’UPA au détour d’un référendum fantoche qui ne comportait qu’un seul parti en liste: l’UPA. Depuis? Aucune élection en agriculture depuis plus de 40 ans. Ce sont des dizaines de milliers de chefs d’entreprises, d’artisans et de paysans qui ne peuvent choisir qui représentera leur voix.
Depuis 15 ans, des milliers de producteurs se sont associés avec l’Union paysanne où d’autres associations, confirmant ainsi leur désir d’une plus grande démocratie. Le rapport Pronovost en ajoutait en confirmant qu’une société dite démocratique ne pouvait refuser plus longtemps le droit aux agriculteurs de choisir leurs représentants. Le parti Libéral, Québec Solidaire, le parti Vert, le parti Conservateur du Québec et même la défunte ADQ ont voté dans leur congrès en faveur du pluralisme d’association en agriculture.
Ce qui bloque? Oui, l’UPA exerce un puissant lobby sur le gouvernement et spécialement sur le ministère de l’agriculture, mais c’est encore aux députés à voter les lois. Il y a 75 ans, des lobbys, tout comme aujourd’hui, se sont activés afin d’empêcher les femmes d’obtenir le droit de vote. Il a donc fallu que les hommes politiques de l’époque aient une vision, une idée de ce qu’était la démocratie au-delà de ce qui s’y opposait.
Aujourd’hui, la situation est la même. Est-ce qu’il y a des hommes et des femmes politiques qui pensent que plus de démocratie pour les agriculteurs serait bon pour la société québécoise? Ne nous trompons pas, de la même façon que le vote des femmes n’était pas une question que de «femme», la question du droit des votes des agriculteurs n’est pas une question agricole. Peu importe l’endroit, les questions de démocratie, même les plus fines traversent une société et donne une idée assez juste de l’état de la justice sociale. Pour l’instant les agriculteurs et les agricultrices du Québec attendent encore.
Lettre d’opinion
Benoit Girouard
Président Union paysanne